L'état des eaux s'améliore depuis 25 ans dans les bassins Rhône Méditerranée et Corse

PACA - Préfecture de la Région Provence Alpes Côte d'Azur - 03/02/2016 16:25:00


Alors que le nouveau Schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage) 2016-2021 entre en vigueur sur le bassin Rhône-Méditerranée, l'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse publie son rapport annuel sur l'état des eaux. Il confirme que la qualité des eaux s'améliore nettement depuis 25 ans mais mais qu'il faut encore progresser pour atteindre l'objectif fixé pour 2021 : retrouver un bon état écologique pour 2/3 des rivières et 99% des eaux souterraines. Dans cette perspective le nouveau Sdage développe, pour les 6 prochaines années, de nouveaux leviers d'action grâce à un programme de mesures par territoire pour un coût estimé à 2,6 milliard d'euros.

L'état des eaux progresse
Sur le bassin Rhône-Méditerranée, 52% des rivières sont en bon ou très bon état. Pour la Corse, ce chiffre dépasse 85 % et dans la région PACA, le pourcentage atteint 68 %. Les secteurs urbanisés, historiquement industrialisés ou concernés par l'agriculture intensive, (cours d'eau côtiers varois et de la côte d'Azur, affluents de l'étang de Berre et plaine du Vaucluse) sont les plus touchés par les pollutions et les prélèvements.

Depuis 25 ans, l'agence de l'eau observe la chute des pollutions ponctuelles, qu'elles soient d'origine domestique ou industrielle. 80% des stations de surveillance présentent aujourd'hui un bon état au regard de la pollution domestique contre 30% en 1990. Ces bons résultats sont à mettre au crédit des acteurs locaux qui ont investi massivement dans les ouvrages d'épuration des eaux au point de diviser par 10la concentration en phosphore et jusqu'à 20 la pollution organique dans les rivières. Cette amélioration a été bénéfique pour la faune et la flore des rivières. Les espèces d'invertébrés les plus sensibles, indicatrices de la bonne qualité de l'eau, reviennent peupler les rivières.

82% des nappes sont aujourd'hui en bon état sur le bassin Rhône-Méditerranée et 100% en Corse.
Les principales causes de dégradation : prélèvements, dégradations physiques et pesticides

40% des rivières souffrent encore d'un excès de prélèvements d'eau notamment sur les grandes zones agricoles du sud du bassin Rhône-Méditerranée ou sur la moyenne vallée de la Durance, particulièrement exposées aux effets du changement climatique. Quant aux eaux souterraines, 89% sont en bon état quantitatif mais trop de prélèvements peuvent altérer les rivières ou les zones humides qui leur sont liées.

50% des rivières sont trop enserrées dans les digues et leur tracé a été modifié, ce qui altère la qualité de l'eau et de la biodiversité et aggrave l'impact des crues. Les problèmes se concentrent principalement dans les grandes zones agricoles du bassin, telles que le bassin versant de la Saône, le Languedoc et le Roussillon, mais également autour des grands axes de communication (vallée du Rhône, de l'Isère, de la Durance) et sur le pourtour méditerranéen.

50% des rivières sont cloisonnées par plus de 20 000 seuils et barrages qui bloquent la circulation des poissons et des sédiments jusqu'à provoquer la disparition de certaines espèces. Les sédiments n'arrivent pas à la mer et leur déficit sur le littoral aggrave les conséquences de la hausse du niveau de la mer et du recul du trait de côte.

150 pesticides différents sont retrouvés chaque année dans les rivières et les ventes augmentent. Le nombre de matières actives dans les rivières, ainsi que la fréquence de quantification à des concentrations supérieures à la norme eau potable (0,1 µg/l) sont stables depuis 7 ans. Ce dépassement de la norme rend l'eau inutilisable pour la boisson sans un traitement poussé qui augmente le prix de l'eau.Dans les eaux souterraines, la pollution par les nitrates et les pesticides ne régressent pas.

Des efforts visibles sur les territoires pour la qualité de l'eau

Le bilan du Sdage 2010-2015 est positif sur l'assainissement - toutes les villes de plus de 2000 habitants sont aux normes. La rivière Bléone dans les Alpes de Haute-Provence est passée de l'état écologique « mauvais » à «moyen» suite aux travaux effectués sur la station d'épuration de Digne-les-Bains en 2010.

Dans les Bouches-du-Rhône, l'Arc amont a gagné une classe de qualité grâce aux travaux sur les stations d'épuration de Peynier et de Chateauneuf-les-Rouge, à l'installation d'aires collectives de lavage et de traitement des produits phytosanitaires des pulvérisateurs agricoles et à la mise en place des mesures agro-environnementales par les viticulteurs.

Les économies d'eau ont également fait un bond. Entre 2010 et 2015, 180 Mm3 d'eau ont été économisés, c'est l'équivalent de la consommation d'une ville de 2,5 millions d'habitants.

Au niveau des rivières, 465 seuils qui barrent le cours de l'eau sont désormais franchissables par les poissons et les sédiments.

Sur le fleuve Var, endigué pour protéger les terres et soumis à de fortes extractions de matériaux pour l'urbanisation de la Côte d'Azur, l'abaissement de 2 seuils en 2013 a permis de retrouver l'équilibre du milieu naturel, de limiter l'entretien du lit du fleuve et de réduire le risque d'inondation.

Aller plus loin avec le nouveau Sdage 2016-2021

Le Sdage préconise d'économiser l'eau pour se préparer au changement climatique, de réduire les pollutions et protéger notre santé, de préserver la qualité de nos rivières et de la Méditerranée, de restaurer les cours d'eau en intégrant la prévention des inondations, et de préserver les zones humides et la biodiversité.

433 millions d'euros par an, soit 2,6 milliards d'euros sur 6 ans,seront spécifiquement consacrés aux actions à engager dans les territoires pour atteindre les objectifs de bon état des milieux aquatiques.

En PACA, 646,4 millions d'euros seront nécessaires pour engager une vingtaine de plans de gestion de la ressource en eau, rendre franchissables environ 180 seuils en rivières et restaurer 26 captages d'eau potable.

L'agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse soutiendra de manière prioritaire les actions des maîtres d'ouvrage entreprises pour mettre en oeuvre le SDAGE.