L'analyse des flux migratoires entre la France et l'étranger entre 2006 et 2013
Selon le dernier bilan démographique (publié en janvier 2015), le solde migratoire de la France s'établit à + 33 000 personnes en 2013. Il était de + 112 000 en 2006. Ce solde résulte de mouvements migratoires entre la France et l'étranger de trois catégories de personnes qui vivent en France : celles qui sont nées en France, les immigrés et les personnes nées françaises à l'étranger. Les travaux présentés ici visent à quantifier l'ensemble de ces mouvements sur la période 2006 à 2013. Outre l'analyse du solde migratoire, réalisée habituellement par le rapprochement des données du recensement et des données de l'état civil, cette méthode présente une exploitation nouvelle des recensements successifs pour estimer les flux d'entrées sur le territoire et par déduction les flux des sorties.
Les départs vers l'étranger des personnes nées en France se sont amplifiés depuis 2006, alors que leurs retours, moins nombreux, ont peu varié sur la période. Leur solde migratoire est ainsi négatif et a doublé sur la période : il est estimé à - 120 000 personnes en 2013 contre - 60 000 en 2006. Dans le même temps, le nombre d'entrées d'immigrés a progressé, mais à un rythme plus faible que leurs sorties du territoire, si bien que le solde migratoire des personnes immigrées, estimé à + 140 000 personnes en 2013, s'inscrit en léger recul par rapport à 2006 (+ 164 000). Enfin, les flux d'entrées et de sorties des personnes nées françaises à l'étranger sont plus faibles ; leur solde migratoire s'élève à + 13 000 en 2013.
L'augmentation récente des sorties de personnes nées en France vient gonfler la présence française à l'étranger : en 2013, un peu moins de 3 millions et demi de personnes nées en France vivraient à l'étranger.
Un accroissement des mobilités
Chantal Brutel, cellule Statistiques et études sur l'immigration, Insee
Sommaire
Un bilan démographique pour les immigrés, les personnes nées françaises à l'étranger et celles nées en France
Le faible solde migratoire de la France résulte de flux importants qui se compensent
Un quart des personnes arrivant en France en 2013 y sont nées
Davantage de personnes nées en France partent pour l'étranger
Les immigrés partent plus nombreux aux âges actifs
Encadré
La présence française à l'étranger
Une absence de source statistique et de définition précise
La présence française à l'étranger est difficile à mesurer en raison de l'absence de définition institutionnelle ; les différents termes utilisés le montrent : expatriés, « Français » établis hors de France, « Français » de l'étranger, ressortissants français à l'étranger... La référence à la nationalité est par ailleurs délicate puisque l'on estime que 45 % des expatriés ont une double nationalité. Quelle que soit l'acception retenue, aucune source exhaustive n'existe.
Le ministère des affaires étrangères gère le registre mondial des Français établis hors de France. L'inscription à ce registre est facultative, mais elle leur offre différentes facilités pour effectuer des démarches administratives, accéder à des procédures (inscription sur les listes électorales françaises, vote à partir de l'étranger) ou à des prestations liées à la résidence à l'étranger (bourses scolaires par exemple). Elle leur permet aussi de recevoir des informations du poste consulaire (sécurité du pays d'accueil par exemple). À ce titre, il est fort probable que le registre soit de meilleure qualité pour les destinations hors d'Europe que pour les destinations européennes. L'OCDE dispose de son côté d'une base de données fondée sur les recensements de population de ses pays membres. Elle leur permet notamment de connaître, pour 34 pays, le nombre de résidants nés en France ou de nationalité française ainsi que leurs entrées, et d'en déduire par miroir les sorties de France. D'autres organismes publics ou privés, comme la maison des Français à l'étranger ou Mondissimo, réalisent des enquêtes en ligne auprès d'un faible nombre d'« expatriés » sur la base du volontariat. Les résultats ne sont donc pas représentatifs de l'ensemble des « Français » résidant à l'étranger.
Entre 2 et 3 millions de « Français » résident à l'étranger selon la définition retenue
À la mi-2013, le registre mondial des Français établis hors de France recensait 1,6 million de Français résidant à l'étranger. À cet effectif, il convient d'ajouter les quelques 500 000 Français non inscrits mais signalés par les postes consulaires, soit un total de 2,1 millions de « Français établis hors de France ». La base de données des 34 pays de l'OCDE en recense 1,5 million en 2012, mais certains pays d'accueil (Maghreb, Chine...) ne sont pas pris en compte. De plus, selon les pays, il peut s'agir de personnes soit nées en France, soit de nationalité française.
Il est possible par ailleurs d'évaluer l'ordre de grandeur du nombre de personnes nées en France et résidant à l'étranger à partir des données du recensement de population. Cette estimation part du principe selon lequel les personnes nées en France une année G (de la génération G) sont en début d'année N soit encore vivantes en France, soit encore vivantes à l'étranger, soit décédées en France ou à l'étranger. Le nombre de décès de personnes qui sont nées en France est estimé à partir de séries longues sur la mortalité par âge des personnes résidant en France. Cette approximation revient en particulier à supposer que les risques de mortalité des personnes nées en France sont proches, que l'on réside en France ou à l'étranger. On estime ainsi un nombre de personnes nées en France et encore vivantes début 2013. Le nombre de personnes nées en France et présentes en France est connu avec les enquêtes de recensement. Par différence, on en déduit le nombre de personnes nées en France et vivant à l'étranger. Elles ne sont pas toutes de nationalité française (enfants nés en France de deux parents étrangers notamment). Cette méthode conduit à une estimation comprise entre 3,3 et 3,5 millions de personnes nées en France et résidant à l'étranger en 2013