Quand l'islamisme fait salon à Pontoise, la classe politique détourne son regard

Blog de Céline Pina - 18/09/2015 09:25:00


Les 12 et 13 septembre, s'est tenu à Pontoise, la troisième édition du Salon musulman du Val d'Oise, dédié à "la femme musulmane". Or ce salon n'a de musulman que le nom. Si les mots devaient rendre compte de la réalité, ce salon est celui de l'islamisme décomplexé. Un festival d'imams choisis parmi les plus intégristes et les plus obscurantistes, dont la violence des prêches à l'égard des juifs, des apostats, des mécréants et surtout des femmes est notoire. Ce qui tourne sur Internet et représente la façade visible fait déjà froid dans le dos. Quant à la mise à l'honneur de la femme, entre justification du viol et apologie de la soumission, c'est un véritable renversement des valeurs qui est mis en oeuvre, la mise au pas de la femme musulmane (avec son consentement) augure celle de toutes les femmes, avec ou sans leur consentement...

Rachid Abou Houdeyfa, imam de la mosquée de Brest, proche du Collectif contre l'islamophobie en France, enjoint sur les réseaux sociaux les femmes musulmanes de porter le voile "islamique" sous peine d'encourir les feux de l'Enfer dans l'au-delà, et des agressions sexuelles en ce bas monde: "Si la femme sort sans honneur, qu'elle ne s'étonne pas que les hommes abusent de cette femme-là."
Nader Abou Anas, imam de la mosquée Al Imane du Bourget et président de l'association D'Clic, explique le plus sérieusement du monde que "la femme (...) ne sort de chez elle que par la permission de son mari" et que si elle refuse d'accomplir le devoir conjugal sous l'injonction de son époux, elle sera maudite.
Hatim Abou Abdillah, imam de la mosquée As Salam de Maisons-Alfort, promet aux femmes coquettes et parfumées, gracieusement nommées "fornicatrices", un "châtiment atroce".

Éric Younous considère que les juifs sont punis par Allah, tandis que Mehdi Kabir considère les "mangeurs de porcs" comme "les gens les plus sales"... (Cf article Isabelle Kersimon dans le HuffPost)

Ces gens sont connus, leurs débordements sont de notoriété publique et leurs prêches sont une insulte à la raison certes, mais ils sont surtout une attaque en règle de ce qui fonde notre monde commun : ces libertés chèrement acquises et qui semblent devenues bien difficiles à défendre par nos élus de tous les bords, l'égalité entre les femmes et les hommes notamment.

Après ce que nous avons vécu en janvier, des massacres de Charlie à la tuerie de l'épicerie casher ; après la décapitation d'un homme en Isère, après l'attentat manqué du train cet été, on ne peut ignorer que ce sont ces intégristes-là qui initient la radicalisation. On pourrait donc s'attendre à ce qu'une telle provocation fasse réagir l'Etat, qui en raison du contexte eut pu l'interdire. Mais non, le « padamalgame » aidant, on préfère détourner les yeux. Admettons.

Au moins, pourrait-on s'attendre à ce que la classe politique locale se positionne sur ce salon. Mais de la droite à la gauche, le silence est assourdissant... Il faut dire que communautarisme et clientélisme étant les mamelles de la conservation du pouvoir quand on n'a plus ni vision, ni projet, soigner sa clientèle intégriste rapporte : dans un contexte d'abstention massive, des gens sous contrôle et qui votent le petit doigt sur la couture du pantalon sont une véritable manne. Ceux qui pensent avoir fixé cette clientèle ne veulent rien faire qui puissent leur déplaire ; les autres voient dans la conquête de cette ressource, l'annonce des succès électoraux à venir et ne veulent pas la braquer. Pendant ce temps les islamistes font monter les enchères.

Car cette visibilité qu'on accorde aux islamistes nourrit leur pouvoir et justifie leur discours. D'abord celui sur la communauté musulmane qui voit les représentants d'une secte s'arroger la représentation de l'Islam et en devenir le référent le plus visible, mais plus largement sur la société même qui voit devenir taboue toute critique de ces mouvements, l'accusation de racisme et d'islamophobie (sic) étant clairement une arme d'intimidation massive. Et ça fonctionne...

De bout en bout, au lieu de les combattre, on nourrit les amalgames et on réduit une religion à l'expression d'une théorie politique totalitaire, l'islamisme. Mais surtout, le silence des élus induit l'idée qu'il n'y a plus personne pour faire respecter la République au quotidien, car le combat culturel n'est même pas mené. Marine Le Pen se frotte les mains.
La peur qui monte dans la société et le rejet grandissant que peut subir la population musulmane, vient moins des attaques des islamistes, que du silence des politiques. C'est ce sentiment d'abandon croissant que sanctionnent années après années, les électeurs."