Un test couleur pour identifier Ebola

Cité des Sciences et de l'Industrie - 25/08/2015 12:45:00


Le test coûte aujourd’hui 15 dollars pour identifier trois maladies.
© Jose Gomez-Marquez, Helena de Puig, Chun-Wan

Des chercheurs américains ont élaboré un dispositif qui permet de distinguer la fièvre Ebola, la dengue et la fièvre jaune en un seul test. Rapide et peu cher, il pourrait aider à prévenir les épidémies dans les zones isolées.

Trois maladies en un test

La fièvre Ebola a fait plus de 11 200 victimes depuis son apparition en Guinée en décembre 2013. Alors que les perspectives de traitement et de vaccin se multiplient, une équipe américaine menée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a mis au point un test efficace et peu cher pour identifier les malades rapidement, grâce à des nanoparticules d’argent colorées.

Présenté lors de la 250e rencontre annuelle de l’American Chemical Society à Boston, ce dispositif ressemble à un test de grossesse. Il permet de distinguer trois maladies aux symptômes similaires : Ebola, la fièvre jaune et la dengue. Le test est simple : un prélèvement de 100 millilitres de sang, par exemple au bout du doigt, suffit. « Mais il a demandé quatre ans et demi de recherche : c’est un vrai travail d’équipe mélangeant des experts en nanoparticules, en biologie et en ingénierie », précise Dr Kimberly Hamad-Schifferli, responsable de l’équipe.


Un code couleur

Dans une première version, le test se compose de trois lignes sur lesquelles sont déposés des anticorps spécifiques à chaque maladie visée. Les mêmes anticorps sont placés au bout du papier de test. Ils y sont attachés à des nanoparticules d’argent, de forme triangulaire plate, dont la taille détermine la couleur : rouge pour les nanoparticules liées aux anticorps caractéristiques d’Ebola, vert pour la dengue et orange pour la fièvre jaune.

Prenons le cas d’une goutte de sang contenant des protéines virales de la fièvre Ebola. Ces protéines vont se fixer aux complexes « anticorps Ebola-nanoparticule rouge » au bout du papier puis migrer par capillarité jusqu’aux lignes de test. Arrivées sur la ligne contenant les anticorps spécifiques à Ebola, elles s’y fixent, formant une structure dite « sandwich ». La ligne Ebola adopte alors la couleur rouge des nanoparticules, indiquant une contamination. Le résultat est interprétable à l’œil nu et ne prend que quelques minutes.


« Une étape difficile a été de trouver la bonne chimie, c’est-à-dire le bon papier, les bonnes nanoparticules, la bonne quantité de sang etc. », explique Dr Hamad-Schifferli. Mais ce test donne l’information deux fois, par la couleur et par la position de la ligne. Pour minimiser la quantité de sang à collecter, les chercheurs en ont élaboré une seconde version : « Une bonne solution consiste à mettre tous les tests sur un seul emplacement ; la couleur, plus que la position, indique alors quelle maladie est présente, s’il y en a ». Autrement dit, la ligne devient rouge, verte ou orange selon la maladie, un mélange de couleurs indiquant une contamination multiple. Un bon moyen de multiplier le nombre de maladies détectables sur un seul petit papier.

Un outil simple et clair

Ce test ne nécessite ni électricité ni matériel médical complexe, ce qui le rend facilement utilisable dans des zones isolées où les tests classiques ne sont pas disponibles. L’équipe du Dr Hamad-Schifferli, qui a déposé un brevet, distribue d’ailleurs gratuitement des tests capables de détecter Ebola pour évaluer leur utilisation sur le terrain et les améliorer. Les autres tests devraient être vendus d’ici un ou deux ans. Chaque ligne coûte actuellement 5 dollars, soit un total de 15 dollars par test, mais la production massive devrait réduire les coûts.

Ces tests ne sont cependant pas fiables à 100 % et ne remplacent donc pas les tests classiques, mais ils permettent d'identifier rapidement la maladie concernée et donc d'aider à réduire sa propagation.