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Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, est intervenue à la Première édition des Assises franco-brésiliennes de la santé, en présence du ministre de la Santé brésilien, Arthur CHIORO.

A cette occasion, la ministre a rappelé la coopération ancienne entre la France et le Brésil dans le domaine de la santé. Cette coopération a prouvé son efficacité en matière de lutte contre le VIH, d'organisation des services d'urgence et de sécurité transfusionnelle.

Ces assises de la santé ont pour but de renforcer la coopération franco-brésilienne dans le domaine de la santé, à travers l'établissement d'une feuille de route pour les années à venir en matière de lutte contre les maladies infectieuses, en modernisant les systèmes de santé :

" Monsieur le ministre, Arthur CHIORO,
Mesdames et messieurs les secrétaires exécutifs, présidents et directeurs,
Mesdames et messieurs,

Lors de sa visite d'Etat au Brésil en décembre 2013, le Président de la République française, M. François HOLLANDE assurait que l'amitié entre nos deux pays était solide et ancienne parce que nous partagions « les mêmes principes et (...) cette belle idée de solidarité ». C'est autour de cette idée que nous nous retrouvons aujourd'hui.
1. Ces assises franco-brésiliennes de la Santé sont l'occasion d'honorer notre coopération ancienne dans le domaine de la santé.

Nos systèmes de santé sont différents, mais ils reposent sur les mêmes valeurs : l'universalité, l'égalité et la solidarité. Nos deux constitutions font de la santé un droit fondamental et de l'Etat le garant du respect de ce droit.

Dès la fin du XIXème siècle, nos pays se sont rapprochés pour nouer des coopérations scientifiques et universitaires dans le domaine de la santé. Oswaldo CRUZ, le premier étudiant brésilien à avoir étudié à l'Institut PASTEUR s'est ainsi inspiré de l'institut parisien pour bâtir la FIOCRUZ à Rio de Janeiro en 1900. Au fil des années, elle est devenue l'une des institutions de santé publique les plus réputées au monde.

Aujourd'hui, la FIOCRUZ mais aussi l'Institut Butantan de Saõ Paulo, coopèrent au quotidien avec l'Institut Pasteur, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), le Centre national de recherche scientifique (CNRS), l'Institut de recherche pour le développement (IRD), et bien sûr nos hôpitaux, notamment avec l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP). La FIOCRUZ, l'Université de Saõ Paulo et l'Institut Pasteur viennent d'ailleurs de signer le 8 juin dernier une nouvelle convention de coopération prévoyant la création d'un Institut Pasteur au Brésil.

Ces coopérations ont prouvé leur efficacité :

en matière de lutte contre le VIH/sida, d'abord : la coopération scellée depuis les années 1990 est un succès incontestable.

en matière d'organisation des services d'urgence, ensuite : la France travaille de manière rapprochée avec l'Etat du Minas Gerais sur la médecine de catastrophe.
en matière de sécurité transfusionnelle, enfin : notre coopération est forte depuis les années 1980 avec de nombreux échanges entre l'Etablissement français du sang et le ministère de la Santé brésilien.

2. A travers ces assises, il nous faut poursuivre nos échanges et établir une feuille de route pour les années à venir.

En mai 2014, lors de l'Assemblée mondiale de la santé à Genève, j'ai signé avec vous, Monsieur le Ministre, une déclaration d'intention commune afin de donner une orientation politique à notre coopération. Ces assises de la santé en sont une première étape.

Trois thématiques seront au coeur de notre feuille de route et seront évoquées lors de ces assises.

Premier objectif, nous devons adapter nos sociétés à la transition épidémiologique.

Les maladies chroniques sont aujourd'hui la première cause de mortalité dans nos deux pays.

Encourager les comportements favorables à la santé, cette ambition nous est commune. Je souhaite que ces débats nous permettent de partager avec vous notre approche de la lutte contre le tabagisme. La France a fait le choix de mettre en place le paquet neutre en mai 2016, pour faire de la génération d'enfants qui naît aujourd'hui la première génération sans tabac. Lundi dernier, j'ai accueilli à Paris la première réunion ministérielle internationale en faveur du paquet neutre. Une coalition de pays mobilisés dans la lutte contre le tabac est en train de voir le jour et j'espère que le Brésil la rejoindra.

Parler de transition épidémiologique c'est aussi parler de l'adaptation au changement climatique. Lutter contre le réchauffement climatique, c'est protéger notre santé. C'est pourquoi la France compte particulièrement sur la volonté de tous les Etats parties, et donc du Brésil, pour parvenir à un accord ambitieux sur le climat lors de la prochaine COP21.

Deuxième objectif : mieux protéger les populations face aux maladies infectieuses.

La France est mobilisée dans la lutte contre les maladies infectieuses. Pas simplement parce qu'elles concernent directement nos territoires d'outre-mer. Mais parce que nous voulons venir en aide aux pays qui en sont victimes et ne peuvent y répondre seuls.

Il nous faut renforcer notre coopération sanitaire transfrontalière le long de la frontière Guyane-Amapa pour prévenir, traiter et éradiquer les maladies transmissibles, dont le paludisme. La surveillance épidémiologique devra être améliorée grâce à un partenariat entre la FIOCRUZ et l'IRD et au développement d'actions de prévention menées par les autorités sanitaires françaises et brésiliennes.

Nous pouvons aussi travailler ensemble dans la lutte contre la dengue qui touche des millions de personnes dans le monde. Sanofi Pasteur développe actuellement un vaccin prometteur, le premier à pouvoir traiter les 4 formes de dengue. Une demande d'autorisation de mise sur le marché a été déposée en Europe et dans plusieurs pays d'Amérique latine, notamment au Mexique et au Brésil.

Plus largement, il nous faut démocratiser l'accès à l'innovation. Je visiterai demain la FIOCRUZ, et notamment le laboratoire partagé entre la FIOCRUZ et l'INSERM. Cette formidable coopération entre nos chercheurs permet de développer des traitements innovants de thérapie cellulaire pour une maladie génétique rare, très handicapante pour les enfants : la maladie de Duchenne de Boulogne. Toujours sur ce sujet de l'accès aux innovations, je me félicite de la démarche engagée par le laboratoire français LFB avec Hémobras pour le transfert de technologie dans le domaine des produits dérivés du sang.

La France soutient aussi la recherche et le développement dans le domaine des maladies tropicales négligées. J'ai établi un partenariat inédit avec la Fondation Bill Gates pour favoriser, dans le cadre de la « Drugs for Neglected Diseases Initiative », le développement de traitements innovants pour la leishmaniose, qui touche aussi le Brésil. Je suis heureuse de voir le DNDI participer à ces assises et j'espère que la France et le Brésil pourront, ensemble, conduire de telles initiatives innovantes.

Troisième objectif, enfin : améliorer la gouvernance de nos systèmes de santé.

Nos systèmes de santé sont confrontés aux mêmes enjeux : une forte contrainte budgétaire, une exigence accrue quant à la qualité des soins et le développement des maladies chroniques. Pour leur permettre de faire face à ces défis, nous devons les moderniser.
Nous partageons déjà nos expertises sur l'organisation des services et des établissements, à travers les coopérations interhospitalières et la coopération entre nos deux écoles de santé publique. Nous devons aujourd'hui réfléchir à la manière de multiplier ces échanges. Par exemple, à la manière dont nos agences de sécurité sur les produits de santé, l'ANVISA et l'ANSM, peuvent collaborer plus concrètement pour renforcer la sécurité sanitaire.

A ce sujet, le projet de loi de modernisation de notre système de santé, qui est en cours d'examen par le Parlement, réforme notre système de soins en profondeur pour replacer en son coeur le patient. Nous aurons l'occasion de revenir sur ce projet de loi pour vous en exposer les mesures phares.

Mesdames et messieurs,

L'auteur brésilien le plus connu en France, Paulo COELHO, a eu ces mots : « le futur a été créé pour être changé ». Profitons de notre rencontre pour échanger, apprendre et faire progresser ensemble la médecine. Il nous faut dessiner ensemble un futur qui conforte les valeurs d'universalité, d'équité et de solidarité. Un futur où nous nous appuierons sur l'accélération sans précédent des innovations pour révolutionner notre manière de soigner.

Je vous remercie. "

Marisol Touriane,