Nucléaire : une industrie en faillite

Greenpeace - 30/06/2015 17:20:00

Contrairement aux idées reçues, le secteur du nucléaire est aujourd’hui en situation de quasi faillite économique. Les récents rebondissement autour de la situation désatreuse d’Areva ne doivent pas faire illusion. Il ne s’agit pas d’un acteur mal géré ou en crise passagère : c’est toute une industrie qui se trouve aujourd’hui dans l’impasse. C’est ce que démontre une nouvelle étude publiée par Greenpeace. Les chiffres sont accablants.

Le nucléaire n’a plus d’avenir

Areva cumule plus de 7 milliards de pertes. EDF doit faire face à un endettement intenable : plus de 34 milliards d’euros. Et il lui faut trouver 110 milliards d’euros pour prolonger son parc de centrales vieillissantes. Pas dans ses moyens, tout simplement.

Situation d’autant plus compliquée qu’il n’y a pas de relai à l’international, à l’inverse de ce que nous vend l’énergéticien français pour donner l’illusion d’une stratégie commerciale. D’une part, le marché mondial du nucléaire se rétracte, d’autre part, l’équipe de France y fait bien pâle figure : elle n’a exporté que 2% des réacteurs en fonctionnement hors de nos frontières. Et ce n’est pas le fiasco des EPR, où s’accumule retards, surcoûts et failles de sûreté, qui risque de changer la donne.

Ailleurs, les renouvelables prennent la relève

Au contraire, l’investissement dans les énergies renouvelables (ENR) est en plein boum. Mais ailleurs, pas chez nous. En développant les ENR trois fois moins vite que nos voisins européens, nous restons dangereusement en retard sur la transition énergétique amorcée – voire bien avancée – dans de nombreux autres grands pays industrialisés. En effet, plus de 22% de l’électricité mondiale est produite par les ENR, quand le nucléaire n’en représente que 10%. Et les investissements dans les renouvelables sont 15 fois plus importants que dans le nucléaire.


Pourquoi ce blocage dans l’hexagone ? Parce que le secteur du nucléaire français, où s’entremêlent intérêts politiques et économiques, agit comme un verrou puissant sur la promotion des énergies renouvelables. En réalité, le nucléaire se rêve encore comme une énergie du futur : il ne laissera pas sa place facilement.

Un gaspillage coûteux pour les Français

Il y a pourtant urgence à agir rapidement pour opérer une bifurcation vers des énergies économiquement compétitives. Car toute la gabegie que représente un secteur moribond, artificiellement soutenu par l’Etat pour des raisons qui n’ont plus rien à voir avec l’intérêt général, ce sont les contribuables et les consommateurs qui les payent, soit à l’achat, soit par leurs impôts. Car aujourd’hui, les coûts de production de l’énerie nucléaire ne cessent d’augmenter et la dynamique n’est pas prête de s’inverser. Alors que partout les ENR font preuve de leur efficacité et se révèle riches d’emplois nouveaux à pourvoir, s’arcbouter sur une énergie chère en plus d’être dangereuse relève donc aujourd’hui de l’inconséquence sociale et politique.

Une question de volonté politique


Car tout est question de volonté politique dans cette affaire. L’Etat possède majoritairement les énergéticiens français. C’est lui qui leur donne leurs prérogatives, imprime leur feuille de route. C’est donc à lui de réorienter la filière vers le démantèlement des centrales et la promotion des ENR s’il souhaite éviter un naufrage industriel.



Cela tombe bien, François Hollande s’est engagé à réduire la part du nucléaire à 50% dans le mix électrique français. C’est d’ailleurs ce que prévoit la loi sur la transition énergétique. Reste à la mettre en oeuvre concrètement. Alors que la COP21 se profile à la fin de l’année, François Hollande doit donc prendre ses responsabilités et ne pas laisser le lobby nucléaire nous faire croire que l’atome serait une solution face au réchauffement climatique. Ce serait une catastrophe pour le pays : écologique certes, mais également économique et sociale.