Athérosclérose : une pathologie redoutablement silencieuse

FRM - Fondation pour la Recherche Médicale - 22/06/2015 09:40:00


L’athérosclérose, par son implication dans de nombreuses pathologies cardiovasculaires, est un véritable fléau dont les complications peuvent être fatales.
Cette maladie, intimement liée au mode de vie actuel, a une progression pernicieuse, ses symptômes restant longtemps imperceptibles.
La recherche avance pour un dépistage précoce et une meilleure prise en charge de la pathologie, avec des premiers résultats intéressants.


L’athérosclérose en chiffres

On ne connaît pas précisément le nombre de personnes atteintes d’athérosclérose, mais on peut évaluer ses retentissements dans la population en raison de son implication dans de nombreuses pathologies cardiovasculaires.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les maladies cardiovasculaires sont responsables de 30 % de la mortalité, constituant ainsi la première cause de décès au monde. En France, elles arrivent en 2e position après le cancer, avec près de 150 000 morts par an. L’athérosclérose est l’une des causes principales d’infarctus du myocarde (120 000 cas par an), d’accidents vasculaires cérébraux (130 000 victimes par an), des pathologies pouvant entraîner de lourds handicaps voire le décès.

Outre ces maladies, l’athérosclérose est également responsable de 90 % des cas d’angine de poitrine, ou angor stable. La prévalence de l’angine de poitrine est difficile à évaluer. Cette maladie n’est pas à prendre à la légère, puisque l’une de ses principales complications est l’infarctus de myocarde.
Du fait des pathologies qu’elle est susceptible d’entrainer, l’athérosclérose constitue un réel enjeu de santé public.


Qu’est-ce que c’est ?

L’athérosclérose consiste en la formation, dans la paroi des artères, de plaques d’athérome : un dépôt de cholestérol, puis de calcaire et de cellules, qui s’entoure d’une chape fibreuse. Ces plaques grossissent dans la paroi, l’épaississant et rétrécissant la lumière de l’artère. Dans la plupart des cas elles restent stables, non symptomatiques. Mais il arrive que la chape fibreuse devienne fragile. Le risque alors est la rupture de plaque, qui, en libérant son contenu dans la circulation, provoque la formation d’un caillot.

Le développement de l’athérosclérose au niveau des artères coronaires peut donner lieu à une angine de poitrine (ou angor). Dans un premier temps, la plaque d’athérome grossit au sein de la paroi artérielle, l’artère est peu à peu obstruée, réduisant du même coup l’apport en oxygène amené au cœur. Une fois que la réduction du diamètre de l’artère a atteint les 50 %, les symptômes de l’angor apparaissent, le cœur n’étant plus suffisamment alimenté.


Quels sont les facteurs de risque de développer la maladie ?
Outre la suspicion d’une influence de la génétique, les chercheurs ont montré que divers facteurs intervenaient dans l’apparition de la maladie. Ainsi, un taux sanguin élevé en « mauvais » cholestérol (le LDL-cholestérol), le tabagisme, tout comme la sédentarité, l’obésité ou encore le diabète augmenteraient les risques de développer la maladie.


Quels sont les symptômes de l’athérosclérose ?

L’athérosclérose est une maladie silencieuse, qui s’installe insidieusement sans provoquer de symptômes francs. Ce sont les conséquences de l’obstruction artérielle qui révèlent la pathologie. Suivant l’artère en cause, les retentissements seront différents : accident vasculaire cérébral pour les artères du cerveau, infarctus du myocarde pour les artères alimentant le cœur, artériopathie oblitérante des membres inférieurs pour les artères des jambes, insuffisance rénale pour les artères du rein ou encore infarctus mésentérique pour des artères digestives.

Un équivalent de l’angor existe aussi au niveau cérébral : il s’agit de l’accident ischémique transitoire. Déficit neurologique bref (se résolvant en moins d’une heure) et sans séquelle, cet évènement est souvent précurseur d’un AVC « constitué » : il représente un signe d’alerte pour suspecter une athérosclérose et démarrer un traitement préventif.


Comment l’athérosclérose est-elle dépistée ?

Certains signes à l’auscultation peuvent laisser présager l’atteinte d’une artère. Une prise de sang peut également révéler des anomalies typiques de la pathologie (tel qu’un taux de LDL-cholestérol élevé).

L’angiographie est un examen d’imagerie qui permet de mettre en évidence les artères et leurs éventuels défauts. Réalisée dans la majorité des cas sous anesthésie locale, elle consiste à introduire un cathéter dans les artères d’intérêt et à y injecter des produits de contrastes permettant leur visualisation par radiographie. Indolore, l’angiographie est réalisée en milieu hospitalier.

Autre technique d’imagerie utilisée dans ce cadre : l’écho-doppler. Non invasive, elle permet au praticien de suivre l’écoulement sanguin et les éventuelles obstructions artérielles par échographie.


Quels sont les traitements actuels ?

Le traitement de l’athérosclérose est en premier lieu préventif. Pour limiter les risques de développer la pathologie, il est conseillé de faire attention à son alimentation et de pratiquer une activité sportive régulière : adopter une hygiène de vie « saine » préviendrait de l’hypercholestérolémie et de l’obésité, deux facteurs de développement importants de l’athérosclérose. Des médicaments visant à faire baisser le taux de cholestérol (hypolipémiants) ont vu le jour et peuvent être prescrits.

Lorsqu’une plaque d’athérome est localisée, notamment par angiographie, une angioplastie peut être envisagée. Cette technique consiste à élargir l’artère à l’aide d’un petit ballon que l’on gonfle afin de rétablir son calibre initial. Elle est suivie le plus souvent de la pose d’un stent (petit ressort qui maintient l’artère ouverte).


Les voies de recherche

Comme nous l’avons vu, le développement d’une athérosclérose reste lié à plusieurs facteurs. Une des pierres angulaire de la recherche se base sur une baisse du taux de cholestérol. Cette thématique a donné des résultats intéressants, débouchant sur la mise au point de molécules, les statines, qui permettent d’abaisser en moyenne de 30 % ce taux. Des travaux se poursuivent actuellement pour augmenter cette efficacité.

Autre voie d’exploration : le dépistage et le diagnostic très précoce de l’athérosclérose. L’idée serait ici de pouvoir détecter à temps une plaque en formation ou sur le point de se rompre afin d’en éviter les conséquences délétères. Ainsi les techniques d’imagerie non invasive (imagerie par résonance magnétique, scanner...) sont en plein développement. Elles doivent permettre de distinguer les plaques dangereuses qui menacent de rompre, des plaques fibreuses stabilisées.

Les chercheurs souhaitent également trouver des biomarqueurs révélant la présence de plaques d’athérome en formation.

Enfin, la recherche travaille aussi à la mise au point de stents plus performants, pourvoyeurs de moins d’effets secondaires à long terme pour le patient. Autant de recherches poursuivies pour réduire l’impact de l’athérosclérose dans la santé cardiovasculaire.