Migrants : Il faut traiter le problème à la source

Institut Thomas More - 05/06/2015 13:05:00


Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde. Évidemment. Personne n'a la capacité de le faire. S'il est parfois bon de rappeler des évidences, cette lapalissade-ci emprisonne toute réflexion et tout débat sur le drame de l'immigration clandestine depuis des années. Des généreux d'un bien qui ne leur appartient pas aux hâbleurs tartufes, nos gouvernants surfent sur le sujet, se gardant bien de sortir de cette ligne garante de leurs étiquettes idéologiques périmées. Ce problème ne peut être posé en ces termes et encore moins résolu d'un claquement de doigts. Ces naufrages nous révoltent tous, mais ces embarcations funèbres ne sont pas les premières et risquent de ne pas disparaître de l'actualité si l'on dédaigne de s'attarder sur les racines de cette tragédie.

Le problème de la sécurité en Méditerranée, avec ses deux rives religieusement opposées, n'est pas neuf. Il est même très ancien. La colonisation de l'Algérie par la France a commencé, en 1830, comme cela, pour détruire enfin la piraterie qui infestait Mare Nostrum depuis des siècles, avec son cortège d'esclaves et de trafics. Les termes, aujourd'hui, ne sont pas les mêmes et il ne saurait s'agir de recoloniser l'Afrique du Nord. Cependant, les vagues de migrants dont l'intensité a crû ces derniers mois, en partance de Libye principalement et vers les côtes italiennes, reposent avec acuité la question des rapports intraméditerranéens et, plus loin, celle des rapports de l'Europe avec l'Afrique.

Ce à quoi l'on assiste en Libye, où sont conjoints les intérêts terroristes des djihadistes et pécuniaires des passeurs, ne représente qu'un déplacement géographique de la vague de migration. Jusqu'à il y a peu, c'était par le Sahara-Occidental, les Canaries et les enclaves espagnoles au Maroc que débarquaient les clandestins. Si la situation a changé, c'est, outre le chaos libyen unanimement décidé par nos gouvernants, qu'il existe des solutions pour endiguer le flux, au moins localement. Ainsi, dès le début des années 2000, l'Espagne a signé des accords de coopération avec le Maroc et d'autres pays africains du littoral atlantique et mis en place des patrouilles communes en mer. C'est un succès : dorénavant, il y a, chaque année, moins de 200 migrants qui prennent encore cette route de la Méditerranée occidentale.

En réalité, si les naufrages nous touchent, les trois quarts des clandestins en Europe arrivent par avion, le plus souvent munis d'un visa. Une fois celui-ci expiré, les personnes restent sur le sol européen. Il y a donc des flux continus et c'est à leur source même qu'il convient de les tarir.

Deux questions conjointes se posent donc à l'Europe : comment rétablir des structures politiques dans les pays pourvoyeurs de migrants, de façon à y stabiliser les populations ? Et comment refondre la politique d'accueil de l'Europe elle-même, qui fonctionne aussi comme une pompe aspirante, laissant croire aux migrants qu'ils y gagneront le paradis ?

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