RENCONTRE - Guillermo Del Toro

Festival de Cannes - 28/05/2015 14:20:00


L'homme affiche un sourire jusqu'aux oreilles, un regard espiègle et ne manque pas d'humour. Les films quant à eux, explorent notre part sombre, s'enfoncent dans le brouillard, là où les monstres sont rois. Neuf ans après sa sélection en Compétition pour Le Labyrinthe de Pan, Guillermo Del Toro s'installe dans les rangs du Jury présidé par les frères Coen. Rencontre avec le maître du fantastique.

En tant que membre du Jury à Cannes, comment appréciez-vous un film ? A quoi êtes-vous sensible ?

J'essaie de distinguer les différents effets que peut avoir un film. Il peut toucher sur le plan émotionnel. C'est l'idéal. Il peut toucher sur le plan artistique ou de par sa forme, quand on est touché par l'art ou la réalisation. Ou cela peut être un impact purement intellectuel quand on se confronte à de grandes idées. Le meilleur film est celui qui combine ces trois aspects.


Vous êtes une grande figure du cinéma fantastique, vos créatures étonnent film après film. Qu'est-ce qui vous inspire dans leur création ?

J'aime considérer mes créatures comme des personnages plus que comme des monstres. Les meilleurs monstres sont avant tout des personnages. La créature de Frankenstein, par exemple est un très beau personnage, conçu par Jack Pierce et Boris Karloff. Certains monstres sont drôles, d'autres sont maléfiques, puissants, faibles...

Des symboles chrétiens reviennent dans vos films. Quel est votre rapport artistique à la spiritualité ?

J'étais catholique pratiquant dans mon enfance et j'ai abandonné la religion pendant mon adolescence. Mais je pense que quand on est catholique, on reste catholique. On a toujours la structure morale du catholicisme qui plane au-dessus nos têtes, une sorte de mythologie ou de cosmologie de la foi catholique. On peut la réinterpréter mais elle reste là, elle fait partie de nous.

Ron Perlman compte parmi vos acteurs fétiches, vous avez lutté pendant plusieurs années pour qu'il incarne Hellboy. Qu'est-ce qui vous fascine chez lui ?

Ron représente une sorte de virilité constante et infaillible. Il est à la fois stable, infaillible, fort.

(...)