Les turbidites du bassin Nord-algérien révèlent l'existence de « supercycles » sismiques sur les failles côtières

IFREMER - 28/05/2015 14:45:00


Une étude sur l'enregistrement marin des séismes vient d'être publiée dans la revue Geology. Elle a été réalisée dans le cadre d'une coopération franco-algérienne entre le Laboratoire Domaines Océaniques (LDO), l'unité de recherche Géosciences Marines de l'IFREMER de Brest, le laboratoire Géoazur à Nice Sophia Antipolis, ainsi que le Centre de recherche en Astronomie, Astrophysique et Géophysique (CRAAG) et la compagnie SONATRACH en Algérie.

Cette approche originale, basée sur l'analyse et la datation des turbidites, permet d'évaluer la régularité des cycles sismiques sur plusieurs milliers d'années à la frontière entre les plaques Afrique et Eurasie. Elle met en évidence une corrélation temporelle remarquable avec la distribution de paléoséismes sur une grande faille sismogénique à terre. La découverte de cycles irréguliers (2 séries de ruptures proches séparées par des silences de plus de 1500 ans) amène à réévaluer l'aléa sismique de l'ouest Méditerranéen et fournit un cadre nouveau pour comprendre le comportement des failles actives.

A proximité des limites de plaques, les grands tremblements de terre restent malheureusement imprévisibles, comme l'ont montré les événements récents en Indonésie (2004, 2005), en Haïti (2010) et au Japon (2011). Un enjeu primordial pour l'évaluation du risque sismique est de caractériser l'irrégularité temporelle du cycle sismique, c'est-à-dire la répétition de grands séismes en un lieu donné ; ce qui requiert de disposer de séries temporelles longues. Plus la vitesse relative entre deux plaques est faible (quelques millimètres par an), plus le temps moyen de retour des grands séismes augmente.

Or, c'est précisément dans ces zones que les récurrences sont particulièrement irrégulières et que les archives historiques sont trop limitées en durée (quelques centaines d'années ou exceptionnellement un ou deux millénaires dans les sites riches en archives historiques tels que la Méditerranée). Le recours à la paléosismologie est donc particulièrement crucial dans ce contexte pour obtenir les variations du cycle sismique sur de longues périodes.

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