COMPÉTITION - Jia Zhang-Ke, spectateur du temps qui passe dans Shan He Gu Ren

Festival de Cannes - 26/05/2015 10:40:00


Shan He Gu Ren. S'il fallait traduire le titre, ce serait par « les vieux amis sont comme la montagne et le fleuve ». Immuables, en somme. Mais le temps qui passe peut altérer le roc et Jia Zhang-Ke, sélectionné en Compétition pour la quatrième fois, s'en fait le témoin.

Vingt-cinq ans de l'histoire de Tao et de ses deux prétendants. Le premier, Zhang, socialement aisé, et le second, Lianzi, les mains dans le charbon. De 1999 à un futur pas si lointain, la jeune fille se questionne. Lequel choisir ? Quelles en seront les conséquences ?

Pour Shan He Gu Ren (Mountains May Depart), tout part d'une expérience technique. Jia Zhang-Ke a accumulé tout au long de sa carrière des images de paysages et d'ambiances enregistrées, comme une prise de notes. Il commence en 2001 avec sa première caméra et, à partir de 2011, continue avec une Arriflex Alexa. Constat pour Jia Zhang-Ke : « La mise en relation de ces deux ensembles à dix ans d'intervalle m'a donné l'idée du film. J'ai été frappé à quel point les images de 2001 me semblaient lointaines, comme venues d'un monde disparu. »

Le tournage reproduit cette expérience : la technique de prise de vue évolue selon l'avancée de l'intrigue dans le temps, l'angle s'agrandit tout au long du film. 1,33 au début, plus large avec l'Alexa (1,85) et, enfin, un objectif anamorphique, qui donne une autre dimension à l'espace.

Le temps qui passe et change le regard et les relations. « Dans la vie quotidienne des Chinois, je constate que une perte profonde de cette relation d'engagement réciproque et elle affecte aussi les souvenirs » observe le réalisateur. Le film traverse les époques au fil d'un voyage, destination l'Australie. Un déplacement perpétuel, un potentiel éloignement ? « Tout peut se défaire, conclut Jia Zhang-Ke, même les montagnes peuvent s'en aller ».

(...)