Raison garder

Blog de Jean-Jacques Urvoas - 03/04/2015 10:35:12


C'est parce que le succès est là qu'il faut se préserver de l'excès et de la sur-interprétation euphorique des résultats.

D'abord il convient de féliciter les vainqueurs. La victoire leur appartient. Avec un vent contraire, par une campagne énergique et quotidienne, ils ont su construire leurs résultats en parvenant à créer une dynamique sur un projet départemental appuyé sur un bilan conséquent.

En politique, il est une constante : la victoire va toujours à ceux qui la veulent le plus. Ce soir, c'est Armelle Huruguen et Stéphane Le Bourdon, Jean-Marc Tanguy et Isabelle Assih qui ont su emporter la conviction des électeurs. Bravo !

Ensuite, il faut encourager les déçus. Aucun d'entre eux n'a démérité. S'engager dans une élection pour y défendre ses idées est une cause noble que trop peu de citoyens acceptent d'embrasser. Accepter l'échec est difficile mais indispensable. Léon Blum aimait dire en forme de boutade que le suffrage universel avait tous les droits, y compris celui à l'ingratitude :-). Le combat politique est fait de plaies et de bosses et parfois de satisfaction. Pour mes amis Mohamed Rihani et Karen Le Corre, Thomas Ferec et Hélène Lollier, mais aussi pour les candidats UMP-UDI de Quimper, cette soirée a un goût d'amertume. C'est désagréable mais temporaire.

Il faut encore ne pas faire parler les électeurs. Ceux-ci ne se trompent jamais d'élections. Ils ont voté pour une majorité au conseil départemental du Finistère. Évidemment, ils l'ont fait en ayant présents à l'esprit le contexte national et local. L'impopularité de l'exécutif comme l'insatisfaction face aux premières décisions de la municipalité UMP ont sans doute eu une influence mais les électeurs savent que le vote n'aura aucune conséquence ni sur la politique des uns ni sur celles des autres.

Il ne faut pas tout mélanger et les électeurs ne font pas cette confusion. C'est pourquoi, ils ont décidé de privilégier les candidats de gauche. Afin que le Finistère reste un département où les politiques publiques s'organisent autour de la solidarité et de l'égalité. Qu'ils en soient amplement remerciés.

Enfin il n'est pas interdit d'en tirer quelques enseignements pour soi. Avoir l'honneur d'être un élu se mérite. Il faut donc tenter de s'en montrer digne. Et se concentrer sur les responsabilités que confère le mandat. Peut-être est-ce ainsi que nous récupèrerons ceux qui, au premier tour, ont choisi un bulletin que je crois nocif pour la vie publique. La désespérance se nourrit du sentiment que les élus ne pensent qu'à eux, qu'ils ne servent à rien, qu'ils agissent sans conséquence. Pour faire reculer cette impression, nous avons chacun une part de la réponse. C'est en tout cas ce qui m'anime. Au travail.