« La dénutrition à l'hôpital : de la physiopathologie à la prise en charge »

Académie Nationale de Pharmacie - 23/03/2015 18:25:00


La dénutrition résulte d'une inadéquation entre les besoins et les apports protéiques et/ou énergétiques, que les besoins soient augmentés ou que les apports soient diminués. Les causes de dénutrition sont donc parfaitement symétriques à celles de l'obésité.

Tandis que ces deux situations sont responsables de morbi-mortalité, les effets de la dénutrition sont beaucoup moins médiatisés et pris en compte que ceux de l'obésité. Pourtant, sa prévalence est très élevée dans les établissements de santé et elle a un impact majeur en termes médical et économique.

Il y a dénutrition dès lors qu'il existe une perte de poids non voulue de 10 % en 6 mois et que celle-ci entraîne une perte de fonctions, en particulier musculaire. Chez l'enfant, elle est objectivée par une cassure de la courbe de croissance.

Chez les personnes âgées hospitalisées en long séjour (SSR), la prévalence de la dénutrition est de 65 % ; chez les malades atteints de cancer, elle est en moyenne de 50 % avec une grande variabilité (de 67 % dans le cancer du pancréas, à moins de 10 % dans celui du sein) et elle est majorée par les traitements (chimiothérapie, radiothérapie). La dénutrition est également très présente (40 à 50 %) chez les insuffisants respiratoires, en hépato-gastroentérologie, en réanimation et à la suite d'une chirurgie lourde.

La dénutrition entraîne une augmentation du nombre de complications (en particulier infectieuses), de la durée de séjour à l'hôpital et de la mortalité. Elle est responsable d'une diminution de la tolérance à la chimiothérapie et de la facilité de sevrage d'une ventilation mécanique. *

Il faut savoir :

- qu'un malade dénutri à 4 fois plus de risques de faire une complication infectieuse qu'un malade normo-nutri, toutes choses étant égales par ailleurs ;

- que 10 à 20 % des malades atteints de cancer meurent des conséquences de leur dénutrition, pas de leur cancer ;

- que la dénutrition majore le coût d'une hospitalisation de plus de 1 000 euros.

Diagnostiquer la dénutrition et la traiter (ou encore mieux, la prévenir) est donc un véritable enjeu de santé publique.

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