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Le CNED est un organisme emblématique de l'éducation nationale et il doit favoriser « l’accessibilité ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le CNED est l'héritage d'une longue tradition du service public de l'enseignement. Il a été institué en 1939 pour permettre à des milliers de familles de disposer d'une scolarisation de leurs enfants que la guerre avait interrompue.
Le CNED assure pour le compte de l’État, le service public de l’enseignement à distance et forme tous ceux qui ont un projet de formation quels que soient leur âge et leur situation (enseignement supérieur, formation professionnelle, concours…).
La question centrale est celle de l'accessibilité de l'enseignement pour tous les publics, quels que soient les outils employés et la technologie utilisée.

Comment le CNED s'adapte t-il à la transformation numérique de l'enseignement ?Le CNED s'est adapté à l'évolution des techniques et il va de soi à l'enseignement en ligne et numérique.
Au service de la politique éducative numérique du ministère de l’éducation nationale, le CNED se positionne aujourd’hui  au cœur même du système éducatif avec notamment  deux dispositifs opérationnels depuis la rentrée 2013 :
- D’COL : un service d'accompagnement interactif personnalisé pour les élèves de sixième et de CM2 de l'éducation prioritaire,
- English for Schools : un service de ressources numériques pédagogiques pour les 8-11 ans accessible en ligne, pour un apprentissage ludique et facilité de l'anglais en classe et à la maison.
Le CNED a été distingué à plusieurs reprises avec  le "Trophée de la e.administration" pour le site Académie en ligne en 2010,  le label "living lab" - dans le domaine de l'apprentissage "enrichi", en 2011, nos équipes ont reçu  le "Trophée de l'innovation en formation" , ce qui nous conforte dans nos actions dans ce domaine. Le CNED a aussi été récompensé dans le domaine du handicap, lors des trophées du Prix Acteurs Economiques & Handicap.

A propos du handicap, vous venez de signer une convention avec le Fonds pour l'Insertion des Personnes Handicapées (FIPHFP) afin de favoriser l'accessibilité des enseignants du CNED. Quel est le sens de cet accord ?
Le numérique entraine une transformation de notre métier, de nos méthodes de travail et de nos relations avec nos élèves, nos étudiants et d'une façon générale avec nos publics. Accélérer cette mutation est l'une des missions que le gouvernement m'a données et ce dans le prolongement des actions que j'ai pu menées à la Caisse des Dépôts pour le développement du numérique des territoires. Pour cela, il nous faut mobiliser nos personnels dont la moitié travaille à domicile en « poste adapté » du fait d’une impossibilité d’enseigner en présence pour des raisons de santé ou en raison d’un trouble handicapant. Grâce au concours du FIPHFP, nous avons déjà doté 600 enseignants du CNED de postes de travail numériques adaptés. Nous allons mettre en place un pôle de formateurs "numérique" et  progressivement, améliorer de façon significative les conditions d'exercice  de leur travail quotidien.

Les évènements de janvier dernier ont mis en relief, la situation de la jeunesse déscolarisée. Que peut faire le CNED en direction de ces publics ?La déscolarisation est un problème de société qui dépasse largement le cadre de l’école. Et notre action est une partie d’un ensemble qui doit mobiliser les services sociaux et de ceux de l’éducation nationale. 
Cependant, le CNED entend jouer son rôle pour lutter contre le décrochage scolaire, notamment avec D’COL. C’est un dispositif complet d’aide, de soutien et d’accompagnement en français, mathématiques et anglais pour les élèves de sixième et de CM2 des réseaux de l’éducation prioritaire. L’inscription au dispositif est proposée par l’équipe enseignante de chaque établissement à des élèves en difficulté, pour la durée de l’année scolaire, avec l’accord des parents. Ils sont accompagnés par un enseignant et ont à leur disposition un site internet qui a été adapté pour être le plus « user friendly ».
Sur le modèle de celui de la SNCF, un « agent conversationnel », un personnage virtuel, Tom, répond aux demandes de l’élève et il est en mesure de proposer l’un des 4500 modules de formation. Quand l’élève est à un stade où le personnage ne peut lui répondre ou qu’il souhaite une formation plus poussée ou un apprentissage particulier, Tom lui propose d’être mis en relation directement avec un enseignant. Pour faire face aux requêtes des élèves, nous avons mis en place une équipe de 50 enseignants tuteurs  connectés et capables de répondre « à la volée » aux sollicitations de ce jeune public.
Notre dispositif enregistre environ 12 000 interactions par semaine avec l’avatar Tom, l’agent conversationnel. Il contribue à la « remédiation scolaire » mais il change aussi le profil de nos enseignants qui, de correcteurs-évaluateurs, deviennent des tuteurs-accompagnateurs dans une relation individualisée et bienveillante. D’ores et déjà, l’ensemble des intervenants constatent que les élèves bénéficiaires du dispositif gagnent en confiance.
Le numérique ouvre la porte à de nouvelles formes d’accompagnement, le métier change incontestablement.

On estime à 600.000 le nombre d’enfants qui souffrent de dyslexie, ou de déficit cognitifs. Quelles sont les réponses actuelles ou en préparation que vous pouvez apporter à ces enfants et à leurs familles ? L’objectif est de rendre accessible aux enfants ayant ces pathologies les contenus pédagogiques afin qu’ils puissent les lire : grossir des caractères, modifier les emplacements des textes, introduire un aspect concave ou convexe, changer les couleurs, etc. Bien sûr avec le concours du corps médical.
Ce projet d’adaptation des contenus permettra de répondre aux handicaps d’une dizaine de troubles cognitifs  qui limitaient l'accès à l'enseignement de ces enfants.
Nous faisons progresser sans cesse l’accessibilité de l’enseignement.

Entretien avec Jean François Puech directeur de la Rédaction NEWS Press