Découverte en France d'une nouvelle tombe princière du Ve siècle avant notre ère

INRAP - Institut national de recherches archéologiques préventives - 16/03/2015 16:54:23


Depuis octobre 2014, une équipe d'archéologues de l'Inrap fouille, sur prescription de l'État (Drac Champagne-Ardenne), une tombe princière datée du début du Ve siècle avant notre ère, dans un complexe funéraire monumental exceptionnel, à Lavau (Aube).

Une tombe princière exceptionnelle

Au centre d'un tumulus de 40 m de diamètre, le défunt et son char reposent au coeur d'une vaste chambre funéraire de 14 m², une des plus vastes recensée par les archéologues pour cette période de la fin du premier âge du Fer (le Hallstatt). Sous les niveaux d'effondrement du tumulus, la tombe contient des dépôts funéraires d'une richesse digne des plus hautes élites hallstattiennes. Disposés dans un angle, les objets les plus fastueux se composent de bassins, d'une ciste (seau) en bronze, d'une céramique fine au décor cannelé, d'un coutelas dans son fourreau. La pièce maîtresse du dépôt funéraire est un chaudron en bronze, d'environ 1 m de diamètre. Ses quatre anses circulaires sont ornées de têtes d'Acheloos, dieu-fleuve grec ici représenté cornu, barbu, avec des oreilles de taureau et une triple moustache.

Le bord du chaudron est également décoré de huit têtes de lionnes. L'oeuvre est étrusque ou grecque. À l'intérieur du chaudron repose une oenochoé en céramique attique à figures noires : Dionysos allongé sous une vigne fait face à un personnage féminin. Il s'agirait d'une scène de banquet, un thème récurrent de l'iconographie grecque. La lèvre et le pied de cette cruche sont sertis d'une tôle d'or, soulignée d'un décor de méandres en filigrane. Elle est la plus septentrionale à ce jour. Ce service à boisson d'origine gréco-italique reflète les pratiques de banquet des élites aristocratiques celtiques.

Principautés celtiques et cités-états étrusques ou grecques

La fin du VIe siècle et le début du Ve siècle avant notre ère sont marqués par le développement de l'activité économique des cités-états étrusques et grecques d'Occident, Marseille en particulier. À la recherche d'esclaves, de métaux et de biens précieux (dont l'ambre), les commerçants méditerranéens entrent en contact avec les communautés celtiques continentales.

Celles maitrisant les voies naturelles de communication, en particulier dans la zone des interfluves Loire-Seine-Saône-Rhin-Danube, profitent de ce trafic et voient leurs élites acquérir de nombreux biens de prestiges dont les plus remarquables sont retrouvés enfouis dans de monumentales tombes tumulaires - à La Heuneburg et Hochdorf en Allemagne par exemple, à Bourges, Vix et maintenant Lavau.

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