La sécurité énergétique européenne et les relations extérieures de l'Union et des pays membres

IFRI - Institut Français des Relations Internationales - 09/03/2015 16:30:00


Depuis des années, la sécurité de l'approvisionnement énergétique de l'Union est l'un des objectifs de la politique européenne et de nombreuses mesures internes sont prises à cet égard. Mais il est rarement souligné que l'insécurité provient notamment des difficultés des relations extérieures de l'Union et des pays membres avec les régions qui les entourent.

Aussi, un rapide tour d'horizon, rappelant des évidences, n'est-il pas inutile.

Tout d'abord, en ce qui concerne le charbon pour lequel les Etats-Unis sont le fournisseur majeur dans le commerce international, il n'y a aucune crainte sur l'accès à la ressource, même si le prix est déterminé par l'équilibre entre l'offre et la demande sur le marché.

Le problème concerne donc le gaz naturel et le pétrole pour lesquels les principaux fournisseurs sont la Norvège, la Russie et l'Asie centrale, le Proche et le Moyen Orient, l'Afrique du Nord et certains pays de l'Afrique sub-saharienne.

La Norvège, pays démocratique stable et proche de l'Union ne présente aucun risque et contribue par conséquent à notre sécurité énergétique.

Plus complexe est évidemment le cas de la Russie, non pour le pétrole, car le marché pétrolier mondial existe et la Russie ne peut s'y comporter comme un perturbateur.

En matière gazière, peu de problèmes sont mentionnés en ce qui concerne Nordstream, le gazoduc reliant directement la Russie et l'Allemagne.

Les difficultés se concentrent donc autour de l'Ukraine et des approvisionnements Sud de l'Europe en gaz russe.

Deux remarques préalables à ce sujet:

- Dans les frontières actuelles, l'Ukraine est une circonscription administrative de l'URSS érigée en Etat indépendant, un Etat composite qui comprend cinq régions : l'Ukraine subcarpathique anciennement tchécoslovaque, l'ancienne Galicie autrichienne, la région de Kiev noyau de l'ancienne Russie, le Donbass russe à l'Est et finalement la Crimée, cadeau de Khrouchtchev. Depuis son indépendance, cet Etat n'a jamais réussi à se gérer convenablement.

- Vis à vis des ex-Etats de l'URSS et de l'Occident, la Russie de Poutine n'a jamais réussi à se comporter autrement que la Russie tsariste ou communiste. Elle est plus à l'aise dans les coups de force que dans les négociations. Par exemple, l'annexion de la Crimée par la Russie n'était pas illogique, mais elle a été réalisée par des méthodes qui rappelaient l'Allemagne de 1938.

Mais les Européens n'ont pas d'yeux pour leur propre comportement. Les Européens, à la traîne de G.W. Bush, ont suivi une politique qui s'efforçait de retirer de l'influence russe l'Ukraine, les pays du Caucase et pourquoi pas (dixit Bush) « les jeunes démocraties » d'Asie centrale, en déstabilisant complètement l'espace russe.

(...)