Rien ne justifie la capture d'éléphants sauvages au Zimbabwe

IFAW - Fonds international pour la santé des animaux - 15/01/2015 14:45:00


La capture et l'exportation de 34 éléphanteaux par le gouvernement du Zimbabwe compromet sérieusement la survie de ces animaux tout en affectant profondément les familles auxquelles ils ont été arrachés.

Alors que la survie des éléphants est déjà menacée par les conflits humains-animaux, la destruction de leur habitat et le braconnage, on ne peut plus se permettre de perdre le moindre éléphant d'Afrique.

Dans un article du journal britannique The Telegraph, la Zimbabwe Conservation Task Force confirme que des touristes ont été témoins de la capture d'éléphants âgés de deux à cinq ans par des hélicoptères et des équipes au sol déployés par le gouvernement. Les éléphanteaux ont été ligotés ensemble après avoir été séparés de leur mère par ces équipes armées qui ont tiré des coups de feu en l'air pour les maintenir à distance.

Or, il a été établi que les éléphants nouent des liens très forts avec les membres de leur famille. Ainsi, les jeunes mâles vivent avec leur mère, leurs soeurs et leurs tantes jusqu'à l'adolescence, et les femelles passent leur vie entière avec leur famille.

Il n'est donc pas difficile d'imaginer l'état d'effroi et de douleur dans lequel se sont trouvés les pachydermes lors de la capture des plus jeunes individus du troupeau.

Il est vrai que le placement d'animaux en captivité peut être justifié à des fins d'éducation et de conservation ou lorsque l'animal n'est plus capable de vivre à l'état sauvage.

Cependant, la capture d'un nombre élevé d'animaux prélevés au hasard en vue de leur exportation vers des destinations non établies n'a absolument rien de justifiable sur le plan éthique.

Alors que le braconnage croissant et la destruction continue des habitats menacent les éléphants partout dans le monde, la capture non justifiée d'éléphants sauvages et leur mise en captivité à vie constituent une violation des principes de conservation et un affront évident aux efforts de protection des animaux.

Le journal local The Citizen a rapporté dans son numéro d'hier que l'un des éléphanteaux captifs serait déjà mort. Cette nouvelle nous attriste mais ne nous surprend guère. En effet, le travail que nous menons auprès des éléphanteaux orphelins d'Inde et d'Afrique nous a permis de constater à quel point les éléphanteaux dépendaient de leur mère.

Désormais, nous craignons que d'autres éléphanteaux ne succombent à leur tour.

Le ministre de l'environnement du Zimbabwe, Saviour Kasukuwere, a déclaré au Telegraph qu'il était normal de capturer des animaux sauvages dans la plus grande réserve du pays et de les exporter « de temps en temps ». Il a également démenti les rumeurs selon lesquelles les animaux seraient envoyés dans des zoos chinois et a indiqué que les pachydermes iraient aux Émirats arabes unis.

Ce n'est pas le lieu de destination des éléphants capturés qui est problématique.

Le problème, c'est qu'aucun sanctuaire ni zoo ne peut procurer à ces éléphants les conditions de vie dont ils jouissent dans les vastes étendues sauvages du parc national Hwange.

Nous appelons le gouvernement du Zimbabwe à faire marche arrière et à remettre ces éléphants en liberté si tant est que cela soit encore possible.

Le Zimbabwe est loin d'être un bon élève en matière de conservation des éléphants, aussi sa volonté affichée de veiller aux intérêts de l'espèce nous laisse-t-elle quelque peu sceptique.

L'an passé, trois éléphanteaux du Zimbabwe ont été capturés et envoyés en Chine. S'ils ont survécu au voyage, l'un d'eux est mort peu de temps après leur arrivée tandis que les deux autres seraient en mauvaise santé.

L'année dernière, une autre tragédie se produisait dans le pays : 300 éléphants et de nombreux autres animaux ont été tués par des braconniers ayant versé du cyanure dans des dépôts minéraux naturels utilisés par les animaux pour compléter leur alimentation.

Cet incident serait le pire massacre d'animaux sauvages jamais organisé en Afrique australe depuis les 25 dernières années.

En début d'année, le Service américain de gestion de la pêche et de la faune (U.S. Fish and Wildlife Service) a annoncé la suspension provisoire des importations de trophées d'éléphants d'Afrique issus de la chasse sportive pratiquée au Zimbabwe, expliquant que la situation actuelle des éléphants en Tanzanie et les informations disponibles pour le Zimbabwe ne permettaient pas de conclure que la chasse sportive dans ces pays aurait des conséquences positives pour les éléphants.

La survie des éléphants d'Afrique a atteint un seuil critique.

L'essor du braconnage, les conflits humains-animaux et la destruction des habitats ont déjà causé la mort de 100 000 éléphants au cours des trois dernières années. Dans un tel contexte, la capture d'éléphants sauvages et leur placement en captivité dans des zoos et des sanctuaires à la réputation parfois douteuse font peser de sérieux risques sur la survie de ces animaux et bouleversent les familles auxquelles ces éléphanteaux ont été arrachés.

C'est une perte que nous ne pouvons tolérer.

Ni aujourd'hui.

Ni jamais.

Azzedine Downes