Entretien de Guillaume Bottazzi

Guillaume Bottazzi - 26/12/2014 10:40:00


Quel est votre parcours ? Le point de départ, est-ce les Etats Unis ?

guillaume.bottazzi.org

A 17 ans, j'ai décidé de devenir artiste et d'en faire mon unique activité. J'ai commencé à étudier la peinture des maîtres anciens en Italie, à Florence. Botticelli, Pontormo et Michelangelo m'ont animé dès mes débuts. Puis, à la suite d'un concours, j'ai obtenu un atelier de la Direction Régionale des Affaires Culturelles à Lyon. J'y ai réalisé, notamment, une peinture murale dans une poste qui se trouve aujourd'hui au musée de la Poste à Paris.

En 2000, je suis parti à New York rechercher un dynamisme propre à cette ville. Cette expérience m'a permis de rencontrer de nouvelles et nombreuses cultures qui ont participées à l'évolution de mon art. Mes oeuvres ont cotoyé de grands noms tels que Dubuffet et Picasso à la Galerie Goldstrom de Soho ainsi qu'à l'Annex Gallery de Chelsea. Elles font aussi partie du William Whipple Museum et de la Queen Shorough Collection.

En 2004, j'ai émigré au Japon ce qui a été pour moi un choc culturel, une nouvelle vie et une grande source d'inspirations. Par exemple, Jakuju est un artiste que j'aime beaucoup. Il y a au Japon raffinement, délicatesse et sobriété. J'y ai enlevé pas à pas mes couches de peinture et mes couleurs franches.

Je suis représenté par la Galerie Itsutsuji à Tokyo, une des galeries majeures qui a introduit des mouvements comme le groupe Supports/Surfaces(1) et d'autres artistes comme Pierre Buraglio, François Rouan, Jean-Michel Meurice, Simon Hantaï et Pierre Soulages. Le musée d'Art Internationnal Miyanomori qui possède 80 pour cent des oeuvres de Christo et Jeanne Claude m'a permis de réaliser la plus grande peinture du Japon sur ses murs.

Mon atelier est désormais installé depuis deux ans à Bruxelles même si je suis la plupart du temps en voyage pour mon activité. Je collabore avec la galerie Artiscope, galerie majeure en Belgique qui a introduit de nombreux protagonistes de la scène artistique Italienne comme l'Arte Povera et la Transavangarde. En 2013, cette galerie a réalisé la plus importante vente aux enchères d'Europe.

A travers mon art, j'ai pour ambition de participer à la transformation de nos villes, de nos vies, de notre quotidien, apporter du bien-être et de l'étrangeté, créer des lieux propices aux rencontres et aux échanges et enfin sensibiliser à l'art un large public :"plus on voit des oeuvres d'art, plus on est prêt à les recevoir" ; j'organise donc des visites publiques pendant ma réalisation et, de fait, l'oeuvre participe à l'histoire des visiteurs qui viennent observer, rencontrer et échanger avec l'artiste,... L'art est partisan du mieux vivre ensemble et je pense que les réalisations doivent permettre de se réunir, se rencontrer, échanger et stimuler le capital créatif.

Chaque projet est unique. Le contexte nourrit mes oeuvres ou plutôt elles vont interagir avec celui-ci. Notre perception est globale et le dialogue avec l'environnement permet d'élargir son champ de portée. Les efforts communs menés par différents champs de compétences sur un territoire seront alors renforcés.

Par ailleurs, 40 de mes oeuvres sont exposées dans des espaces publics qui s'inscrivent au patrimoine des villes où elles se situent. Elles sont souvent "monumentales" et nous plongent "dans et devant" elles, pour, non pas les regarder mais les habiter. Pour vous donner un exemple, une de mes réalisations en France représente 3 000m², une autre 200m² pour la ville de Nice ; j'ai aussi réalisé une oeuvre à la Ciotat dans le cadre de Marseille-Provence 2013, capitale Européenne de la Culture.

Pourquoi La Défense ?

La Défense représente le quartier d'affaires le plus important d'Europe avec de nombreuses multinationales et est reconnu comme tel à l'étranger ; il bénéficie d'une bonne notoriété internationale ce qui n'est malheureusement pas assez le cas en France.

Les nombreuses Tours de la Défense portent les signatures de grands architectes: Peï, Anthony Béchu et Tom Sheehan, Kohn Pedersen Fox, Portzamparc auxquelles viennent s'ajouter celles de grands artistes : Calder, Miro, Serra, César...

En tant que spécialiste des réalisations d'oeuvres dans l'espace public (2) Sogecap, Sogecom, Bouygues Immobilier et l'Epadesa m'ont commandé une oeuvre pour participer aux transformations de ce quartier en pleine mutation et au renforcement de son indentité.

Mon oeuvre s'inscrit dans le parcours de 70 oeuvres signées de La Défense qui représente la plus importante collection d'art moderne et contemporain de plein-air en France.

Je pense que les oeuvres publiques participent à l'attractivité des lieux et les rendent plus vivants. C'est une façon d'adoucir un environnement urbain pouvant être ressenti comme déshumanisé fait de verre et de métal. Cette oeuvre apporte de la fantaisie et de l'étrangeté au quotidien, elle participe au bien-être de celui qui la regarde.

Propos recueillis par News Press - novembre 2014

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NDLR : L'oeuvre de la Défense fait 215m2.

(1)Supports/Surfaces est un mouvement artistique qui fut l'un des groupes fondateurs de l'art contemporain français, tant en peinture qu'en sculpture.

(2) Sogecap, propriétaire de la Tour D2 ; Sogecom, filiale de la Société Générale ; Bouygues Immobilier ;
Epadesa.

crédit photo: Graphix-Images