« Le Pass Navigo à tarif unique met en danger l'effort d'investissement dans les transports collectifs de l'Ile-de-France »

Blog de Gilles Carrez - 28/11/2014 13:55:00


Le déficit annuel d'exploitation des transports, couvert par des subventions publiques versées au STIF par la Région et les 8 départements d'Ile-de-France, s'élève à 1,4 milliard d'euros.

La mise en place du Pass Navigo à tarif unique va l'aggraver de près de 500 millions d'euros. Déjà, le fonctionnement des transports en Ile-de-France se caractérise par le plus faible taux des grandes métropoles mondiales quant à la couverture des dépenses d'exploitation par les tarifs, c'est-à-dire la participation des voyageurs. Ce taux est aujourd'hui de moins de 20%, après prise en charge par les entreprises d'une partie des abonnements.

Par ailleurs, chaque nouvelle ligne de transport collectif mise en service creuse davantage le déficit.
Ainsi la mise en exploitation des nouvelles lignes de métro du « Grand Paris Express » va accroître mécaniquement les dépenses d'exploitation de 2 milliards d'euros (environ 10% des investissements).

Face à l'hémorragie des recettes d'exploitation, il faudra se tourner soit vers les contributions des entreprises franciliennes, déjà assommées par une hausse brutale de leur fiscalité spécifique de près de 1 milliard d'euros depuis 2012, soit vers les subventions apportées par la Région et les départements.

Mais il est certain que, confrontées à d'extrêmes difficultés financières, celles-ci ne pourront pas faire face, sauf à décider de nouvelles hausses fiscales insupportables pour les ménages et les entreprises.

Dans ces conditions, et hélas comme toujours, la seule variable d'ajustement sera celle de l'investissement, que les contraintes de l'impasse de financement conduiront à réduire et à différer.

Voilà pourquoi, l'idée généreuse mais peu réaliste d'une tarification du Pass Navigo déconnectée de la vérité des coûts a malheureusement toutes les chances de se retourner contre l'intérêt des usagers des transports franciliens, dont la préoccupation prioritaire est celle de l'amélioration de la fiabilité, de la rapidité et du confort de nos transports.

Par Gilles Carrez, Député du Val-de-Marne, Président de la Commission des finances à l'Assemblée Nationale
Paris, le 27 novembre 2014

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