Laos : des ponts et des chansons contre les inondations

Oxfam France - 27/11/2014 10:15:00


Chaque année, les catastrophes naturelles font des millions de victimes à travers le monde. En 2013, les inondations à elles seules ont fait près de 10 000 morts et touché plus de 32 millions de personnes, dont un demi-million au Laos, où Oxfam travaille depuis la fin des années 80.

Parmi nos actions dans ce pays, des programmes de réduction des risques de catastrophes (DRR, disaster reduction risks en anglais). L'objectif ? Aider les populations locales à mieux faire face aux inondations.

"La pluie, la pluie, la pluie tombe du ciel
La pluie tombe pendant des jours entiers
Elle entraine une inondation près du village.
Le chef du village lance l'alerte,
Chaque maison doit se préparer !"

Dans le village de Nathen, au centre-ouest du pays, les enfants savent ce qu'il faut faire en cas d'inondation. A seulement 10 ans, Lounny, Khongsy et Lenthong en ont déjà vécu plusieurs. Dans le cadre d'un programme de DRR soutenu par Oxfam, ils ont même écrit une chanson en classe. "Je la connais déjà par coeur ! Il y a déjà eu des inondations chez moi, raconte Lounny. Rien que le mois dernier, j'ai aidé mon papa et ma maman et mes six frères et soeurs à sortir toutes nos affaires de la maison, pour les mettre en lieu sur."

Avant, après, pendant
En 2013, Oxfam a aidé les administrations locales à former des professeurs de 10 écoles de la région à la prévention des risques et à lasensibilisation de leurs 1 226 élèves. En septembre, les élèves de Nathen ont donné un spectacle et ont chanté devant tout le village les chansons qu'ils avaient écrites en classe sur la prévention des risques liés aux catastrophes naturelles. Une façon festive d'impliquer et de sensibiliser tout le village. Les adultes sont eux aussi concernés par les efforts de réduction des risques : des plans d'actions ont été distribués aux familles les plus vulnérables. Ce qu'il faut faire avant, pendant et après une inondation y est détaillé point par point. "Le mien est accroché sur un mur à la maison, explique Madame Bouasy, veuve de 53 ans et mère de 12 enfants, dont le plus jeune a 6 mois. Mais ça concerne toute la famille, mes enfants savent aussi ce qu'ils doivent faire. Par exemple, le plan indique qu'il faut stocker séparément des pousses de riz. C'est ce que nous avons fait et après la dernière inondation, on a pu les replanter. Au moins, de cette façon, nous n'avons pas perdu toute notre récolte."

Entre le village et les champs, la rivière
Si les actions de prévention sont indispensables pour limiter les dommages infligés à la population par les inondations, la réduction des risques passe aussi par d'importants travaux. A Nathen, le pont a été refait en 2013. L'ancien pont, construit il y a plus de 10 ans, était un pont suspendu en bois. Chaque crue le fragilisait. En juillet 2013, avec l'aide d'Oxfam et des la participation active des villageois, le Comité de Gestion des Risques pour le District (CGRD), l'autorité locale, a renforcé le pont : il a été surélevé de 50 cm, de façon à ce que l'eau ne l'atteigne plus, même en cas de montée des eaux. Des câbles plus solides et une structure en acier ont été installés et les anciennes planches ont été remplacées par des nouvelles, plus épaisses et plus résistantes.

Huameuang, un autre village de la région, avec l'aide d'Oxfam, les habitants et le CGRD ont construit un nouveau pont. L'ancien pont ressemblait à des tiges de bambous attachées ensemble et suspendues à un fil d'acier. C'est là-dessus que devaient traverser les habitants, sacs de riz sur le dos, pour ramener leur récolte chez eux.

Oxfam a fourni les câbles d'acier et d'autres matériaux nécessaires, ainsi que l'expertise technique, mais la construction du nouveau pont a été un véritable travail d'équipe, sous la supervision d'un ingénieur recruté par Oxfam pour gérer le projet. "Nous étions bien organisés : 5 équipes composées de 23 personnes. Nous avons-nous-mêmes abattu les arbres et coupé les troncs pour le nouveau pont.", explique M. Khamnoi.

A Nathen, comme à Huameuang, refaire les ponts n'étaient pas seulement une question de sécurité pour les habitants. Dans les deux cas, les rizières et autres champs dont les habitants tirent leur nourriture et leurs revenus sont sur l'autre rive par rapport aux habitations. La fragile sécurité alimentaire des villages dépend donc aussi de la capacité des habitants à traverser la rivière.

Des projets qui impliquent toute la communauté
A Jieng, un village de 1 500 habitants, la route a récemment été élargie avec l'aide d'Oxfam : "en cas d'inondations, tout le monde doit pouvoir se réfugier sur les hauteurs du village. Et dans ces moments-là, une route large et en bon état fait toute la différence. Avant, la route devant ma maison était étroite et boueuse, particulièrement pendant la saison des pluies.", raconte M. Bounhom, adjoint du chef du village. M. Bounhom a donné un bout de sa propriété pour permettre l'élargissement de la route. "Au début, quand on m'a dit qu'il fallait que je donne une parcelle de 1 mètre sur 8 mètres de long, j'ai perdu tout intérêt pour le projet, et je n'étais pas le seul. Mais nous avons réalisé que sur le long terme, tout le monde en bénéficierait. Maintenant, je suis heureux d'avoir pu contribuer."