Interview de Klaus Iohannis, avant le second tour de l'élection présidentielle roumaine

Président de la Roumanie - 21/11/2014 22:00:00

Le second tour aura lieu la semaine prochaine et au coeur de ce scrutin, se pose toujours la question du bon usage de l'argent public

Johannis : C'est une question essentielle. Le Premier Ministre Victor Ponta candidat à cette élection ne veut pas d'un système judiciaire indépendant et son parti le PSD organise un système de financement occulte auquel les partenaires publics et privés sont tenus.

En matière de justice, Victor Ponta, a un langage de duplicité, donc je pense qu'il est une menace pour l'Etat de droit et la démocratie en Roumanie. Victor Ponta se rend bien compte que ces pratiques sont devenues trop voyantes. C'est pourquoi, s'il est élu, il prévoit l'adoption d'une Loi d'amnistie et "de pardon" dans laquelle figurera une longue liste nominative comprenant évidemment des barons célèbres. On y trouvera même des chefs du PSD, des personnes atteintes en matière pénale, accusés et reconnus coupables de corruption, Dan Voiculescu , Adrian Nastase, Viorel Hrebenciuc et beaucoup d'autres.

Le Premier Ministre Victor Ponta a eu des relations avec ces personnes. Or la justice a fait état des nombreuses atteintes à la probité publique commises par elles. Il est inévitable la promulgation d'une loi portant sur l'amnistie et le pardon affectera la crédibilité même de l'institution présidentielle de notre pays.

C'est pourquoi, Il est important que les Roumains viennent voter en grand nombre et qu'ils élisent un président qui est le garant de l'indépendance judiciaire et de la primauté du droit, en soutenant la poursuite de la lutte contre la corruption. Je serai ce Président.

Sur la question fiscale, il y a un désaccord entre le Premier Ministre et vous même. Vous voulez maintenir voire augmenter les impôts ?

Johannis : je l'ai dit dès le départ. En 2012, la Roumanie a introduit un impôt progressif comportant 3 taux. Cette décision était nécessaire compte tenu de l'évasion fiscale, d'une discipline insuffisante héritée de notre histoire. Nous allons devoir augmenter les impôts en 2015 mais de façon progressive, prudente,mesurée. Cette décision est irrémédiable car nous devons payer les mesures dispendieuses du gouvernement Ponta, ainsi que des frais de campagne très élevés du PSD au pouvoir.
Victor Ponta veut revenir sur la décision de 2012 pour des raisons électoralistes. C'est déraisonnable. Ou est le sens de l'Etat ?

Vous avez également demandé au gouvernement de prendre des mesures pour garantir le droit de vote des Roumains à l'étranger. Quelle est la situation ?

Johannis : Monsieur Ponta ne voulait pas que l'on prenne en considération le vote de la diaspora. Il était donc prévu sous prétexte de difficultés juridiques et d'organisation de pénaliser nos compatriotes vivant à l'étranger. C'est pourquoi nous avons proposé d'ailleurs avec le concours du Bureau Electoral Central un certain nombre de solutions. Essentiellement :
- l'adoption d'une ordonnance d'urgence
- l' augmentation du nombre de bureaux de vote.

La presse et nos voisins européens ont relevé que cette campagne électorale est inhabituelle avec de nombreuses attaques personnelles. Vous avez un message pour le second tour de l'élection présidentielle ?

Johannis : On peut parler d'une campagne "jonchée" d'attaques violentes contre moi et contre ma famille Et chez nous et hors de Roumanie, des journalistes, des responsables politique, mes partisans mais aussi les simples citoyens se sont demandés pourquoi je ne répondais pas.

Simplement parce que je place au premier plan le respect des citoyens, de leur bon sens et de la mesure. Je ne suis pas disposé à transiger avec ce principe. Je veux gagner, de toute façon, mais avec ces valeurs, je ne veux pas descendre dans les marécages de la politique. Nous devons être exemplaires et démontrer que la vie publique est honorable, qu'elle doit servir d'intérêt général. Je veux incarner ce changement marquer les esprits de chaque roumaine et de chaque roumain et démontrer ainsi qu'il y a un avant et un après.

Et je suis convaincu que les Roumains l'ont constaté. Ils comprennent que c'est possible de faire autrement. Je sens une espérance et j' appelle tous les roumains du dedans et du dehors à changer la Roumanie !