POURQUOI JE PARRAINE LE PROJET D'AGENCE DE LA BIODIVERSITE
L'humanité doit aujourd'hui faire face à un problème majeur dont elle est en grande partie responsable, l'érosion rapide de la biodiversité.
Cette biodiversité a permis, à travers ses multiples services, le développement de l'humanité. Cela a été vrai dans le passé, cela l'est encore aujourd'hui et cela reste vrai pour affronter les défis de demain, qu'il s'agisse de nourrir, de soigner ou d'abriter, de manière soutenable, les générations futures.
Il convient donc de ne pas se contenter de stopper l'érosion de la biodiversité mais de s'engager dans une action ambitieuse et de longue haleine, de reconquête de la biodiversité.
Cette reconquête est impérative, elle est aussi possible mais elle nécessite la mobilisation de tous les acteurs, publics et privés, et à toutes les échelles, du local - avec un rôle important des collectivités territoriales - au national, en tenant compte du cadre international (l'agence doit aider à tenir les objectifs d'Aichi-Nagoya).
Pour tout à la fois s'inscrire dans la durée et mobiliser une grande diversité d'acteurs, le projet d'une agence dédiée m'apparaît, dans le contexte français, une formule qui a fait ses preuves (on peut penser à ce qu'ont apporté les agences de l'eau ou l'Ademe dans leur domaine).
Cette agence devra sensibiliser, former, organiser la connaissance, soutenir les différents acteurs, lancer des projets concrets... Elle devra disposer de moyens dédiés comme les autres agences déjà citées.
Elle devra travailler sur l'ensemble des milieux terrestres et aquatiques, métropolitains et ultra-marins. Pour cela, au-delà des organismes que le projet de loi prévoit à ce jour de regrouper en son sein, je souhaite que soit rapidement défini comment elle pourra en associer d'autres à son action, Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage, les différents gestionnaires d'espaces naturels, l'Office National des Forêts... et il faudra une bonne collaboration avec la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité qui anime avec succès l'ensemble de la communauté de recherche en ce domaine.
Je souhaite donc défendre et promouvoir auprès de tous, ce projet d'agence : une agence couvrant tous les domaines de la biodiversité, une agence dont la gouvernance fait place à toutes les parties prenantes, une agence ouverte sur ses partenaires, une agence qui touche le public, une agence enfin disposant de moyens humains et budgétaires pour mener ces actions.
Hubert Reeves, Président d'Humanité et Biodiversité
Pour préparer l'Agence Française de la Biodiversité
(extrait du discours de Ségolène Royal, Ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie)
1/ « Je me réjouis du parrainage d'Hubert Reeves, astrophysicien mondialement réputé et ardent défenseur d'une biodiversité capable de réconcilier ce qu'il appelle dans un de ses livres « la belle et la moins belle histoire » de l'humanité, également président de l'association Humanité et Biodiversité et à l'origine de la Réserve internationale de ciel étoilé du Pic du Midi, dans le Parc naturel des Pyrénées, exemple remarquable de lutte contre la pollution lumineuse et d'alliance entre scientifiques et communes de montagne, et je tiens à lui exprimer ma très profonde gratitude. »
2/ « Gilles Boeuf, président du Muséum national d'histoire naturelle et professeur invité au Collège de France (je ne cite là que quelques uns des titres - fort nombreux - de l'éminent spécialiste de biologie marine dont la passion et la fougue embrassent toutes les dimensions de la biodiversité, sur terre et dans les mers), est lui aussi un inlassable promoteur de la défense de la biodiversité et - j'ai plaisir à le souligner - des sciences participatives : il en sera le conseil scientifique et fera le lien avec le meilleur de la recherche.
Je lui suis infiniment reconnaissante d'accompagner de son talent cette ultime étape de configuration de la future Agence.
Annabelle Jaeger, conseillère régionale déléguée à la biodiversité et présidente de l'Agence régionale pour l'environnement et l'éco-développement PACA, membre de la Commission biodiversité de l'Association des Régions de France et du Comité européen des Régions, y apportera son expérience de l'animation des politiques territoriales au service de la biodiversité et fera tout particulièrement le lien avec les Régions et les collectivités locales.
Je sais, pour avoir présidé pendant 10 ans la Région Poitou-Charentes, combien la mobilisation des territoires est décisive et je la remercie pour son concours qui sera extrêmement précieux.
Olivier Larroussinie, ingénieur général du génie rural et des forêts, directeur de l'Agence des aires marines protégées, en sera le directeur, chargé de piloter l'ensemble des travaux qui permettront de préciser, en lien avec tous les opérateurs, le premier contrat d'objectifs du futur établissement public.
Il s'appuiera notamment pour ce faire, d'un part, sur une Commission spécialisée désignée par le Conseil national de la transition écologique, qui permettra d'associer étroitement toutes les parties prenantes, et, d'autre part, sur un réseau de partenaires dans les différents outre-mer où, je le redis, 80% de la biodiversité française sont localisés.
Comme l'ont souhaité les élus des outre-mer et comme je l'ai bien volontiers accepté, la future Agence devra disposer d'antennes ultra-marines qui favoriseront une gouvernance locale dynamique et joueront, sur place, un rôle d'appui de proximité, ainsi que je l'ai indiqué en Guadeloupe lors de la Conférence internationale
des outre-mer européens sur la biodiversité et le changement climatique.
La biodiversité est un enjeu crucial et prioritaire dans tous les outre-mer et le levier d'un nouveau modèle de développement créateur d'activités innovantes et d'emplois durables.
C'est pourquoi je tiens à ce que les territoires ultra-marins soient directement parties prenantes des travaux de finalisation de la future Agence, dans laquelle ils devront également occuper toute leur place quand ce nouvel établissement sera créé.
Je souhaite également que les travaux que conduira Olivier Larroussinie s'attachent à la dimension économique de la biodiversité et s'appuient, sous la forme de son choix, sur les capacités d'expertise en ce domaine d'Emmanuel Delannoy et de l'Institut Inspire qu'il dirige.
Je tenais à vous réserver la primeur de cette bonne nouvelle.
L'équipe de haut niveau chargée de cette belle mission aura de très nombreuses questions à examiner que je ne détaille pas ici.
Je serai particulièrement attentive à l'avancée de ses travaux et nous ferons ensemble des points d'étape réguliers, dans la perspective, notamment, du débat parlementaire sur la loi biodiversité qui portera création de l'Agence dont je souhaite, une fois la loi votée, l'installation avant la fin 2015. »