Une Europe du Sud-Est résistante face aux risques naturels

OMM - Organisation Météorologique Mondiale - 30/10/2014 10:50:00


Un système d'alerte précoce multidanger et transfrontalier va être instauré dans les Balkans occidentaux et en Turquie pour accroître la résilience face aux inondations, aux glissements de terrain, aux épisodes de sécheresse et aux vagues de chaleur qui accablent fréquemment la région; il s'agit notamment de tirer les enseignements des inondations dévastatrices de mai 2014.

À la conclusion d'un projet biennal mené par l'ONU avec le soutien de l'Union européenne et la collaboration des autorités nationales concernées, ces dernières sont convenues d'établir une stratégie à l'échelle régionale pour renforcer la résistance face aux catastrophes et l'adaptation au changement climatique en Albanie, en Bosnie-Herzégovine, en Croatie, au Monténégro, en Serbie, dans l'ex-République yougoslave de Macédoine, en Turquie et au Kosovo.

Ainsi, le projet intitulé «Building Resilience to Disasters in Western Balkans and Turkey» (Renforcement de la capacité de résistance aux catastrophes dans les Balkans occidentaux et en Turquie) est arrivé à son terme le 20 octobre. Il a été co-financé par la Commission européenne, via l'instrument d'aide de préadhésion, et mis en place par le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Il a réuni diverses autorités locales, nationales et régionales ainsi que des scientifiques et des intervenants du secteur privé.

Lors d'une réunion de clôture à Ankara (Turquie), les représentants de tous les pays bénéficiaires sont convenus de poursuivre la coopération transfrontalière et le partage d'informations. Ils ont pleinement soutenu la création d'un système régional d'alerte précoce multidanger, intégrant les systèmes nationaux existants, qui auront été harmonisés et renforcés.

En mai dernier, les inondations qui ont dévasté plusieurs pays de la région ont fait ressortir l'importance d'une telle coopération. En effet, les pertes économiques considérables ont annulé les bénéfices du développement. Lors de la réunion d'Ankara, il a notamment été reconnu que des systèmes efficaces d'alerte précoce pouvaient sauver des vies et qu'il fallait investir davantage dans les activités de prévention des catastrophes.

«Le projet s'est révélé très utile. Après les inondations du printemps dernier, nous mesurons pleinement la nécessité d'une approche régionale de la gestion des crues» indique Boyan Kostic, du Ministère de l'intérieur de la République de Serbie.

Pour Paola Albrito, Directrice du Bureau régional de l'UNISDR pour l'Europe, «ce projet a donné lieu à une collaboration et des résultats remarquables. Les pays d'Europe du Sud-Est sont motivés et conscients des défis à venir. Leur engagement, qui se traduit par des actions au niveau local, un échange de connaissances, des normes communes en matière de gestion de données et la recherche de solutions innovantes d'assurance et de réassurance, va guider leurs efforts conjoints».

«Au printemps dernier, lors des inondations exceptionnelles qui ont frappé les Balkans occidentaux, la qualité des alertes précoces a permis de limiter les pertes humaines, mais, dans les zones les plus touchées, il faudra des années pour revenir à la normale. Nous nous attendons à une augmentation des épisodes de précipitations extrêmes et des vagues de chaleur causés par le changement climatique. Il est donc vital de mettre l'accent sur les capacité de résistance aux catastrophes au plan transfrontalier» explique Dimitar Ivanov, Chef du Bureau régional de l'OMM pour l'Europe et responsable du projet.

L'une des réussites du projet est la création d'un système de gestion des informations et des connaissances. Lorsque les inondations ont débordé les frontières nationales, ce système, qui met en corrélation des langues nationales différentes, a facilité la remontée des informations locales au niveau national et international.

Par ailleurs, dans les pays bénéficiaires, le Programme d'échange d'experts a donné la possibilité de constituer et d'améliorer un réseau de gestion des risques de catastrophes qui a grandement facilité l'échange d'informations entre les pays touchés et la prestation d'assistance au plan bilatéral, européen et international.

Avec le projet, le nombre de villes de la région qui participent à la campagne de l'UNISDR pour des villes résilientes est passé à 100, y compris au Monténégro et au Kosovo, où cette initiative est une première.

Les Services météorologiques et hydrologiques nationaux (SMHN) de la région ont amélioré leurs capacités de suivi et de prévision des phénomènes extrêmes. En association avec des partenaires locaux, l'OMM et l'UNISDR ont organisé des cours de formation et fourni du matériel et des logiciels de gestion des données météorologiques et hydrologiques afin d'accélérer l'intégration des bénéficiaires dans l'infrastructure météorologique européenne.

Le projet a stimulé les capacités techniques d'évaluation des risques de sécheresse et d'inondation dans des secteurs aussi vulnérables que l'agriculture et l'eau, tout en favorisant la gestion intégrée des crues et les activités de prévision. L'Union européenne a apporté un soutien financier au forum sur l'évolution probable du climat en Europe du Sud-Est, au sein duquel sont établies des prévisions climatiques saisonnières utiles à la prévention des catastrophes et à la gestion dans les domaines de l'agriculture, de l'eau et de l'énergie.

Grâce à ces efforts, depuis février 2014, MeteoAlarm, le site Web qui fournit des avis météorologiques détaillés et harmonisés pour toute l'Europe (www.meteoalarm.eu), compte un nouveau membre, la Bosnie-Herzégovine. Cette dernière a ainsi pu améliorer la qualité de ses alertes, comme les inondations de mai dernier l'ont confirmé, et contribuer à la surveillance générale des phénomènes météorologiques violents en Europe.