Un nouveau venu chez les syndicats de police

Synergie Officiers - 15/10/2014 09:35:00


Au sein des syndicats de police, un nouvel organisme vient de voir le jour : l'Unsa-Officiers. Décryptage.

Dans les tréfonds des ministères, loin des déferlements médiatiques, une nouvelle campagne se prépare. Alors qu'elle est ignorée de la plupart, c'est pourtant plus de cinq millions de fonctionnaires qui seront appelés à voter entre le 1er et le 4 décembre prochains. Pour la première fois, les élections professionnelles dans la fonction publique auront lieu au même moment.

Dans quelques mois, les membres de la fonction publique hospitalière, de la fonction publique territoriale et de la fonction publique d'État se presseront aux portes des bureaux de vote. L'affluence prévue est
tellement inhabituelle pour des élections syndicales que le ministère de la Santé a émis une alerte sur une éventuelle "rupture de stock" des urnes.

Les règles ont changé

Les syndicats de police sont déjà en ordre de bataille, alors que la première salve ne sera tirée que dans deux semaines. Les raisons de cette effervescence ? Pour ces élections, les syndicats de police vont devoir appliquer la loi de 2008 qui a redéfini les sacro-saints principes de représentativité. En résumé, pour faciliter le dialogue avec les syndicats, le gouvernement Fillon avait choisi de réduire leur nombre.
Au programme : modification des règles de représentativité au niveau national et au niveau des branches professionnelles avec la fixation d'un plancher. Les syndicats qui ne rassemblent pas le nombre de voix
suffisant verront désormais leur action considérablement limitée.
La guerre des sigles

Branle-bas de combat chez les syndicats policiers ! Avec trois policiers sur quatre concernés, ces syndicats sont touchés de plein fouet par la réforme. Schématiquement, les trois corps, gardiens de la paix et gradés, officiers et commissaires avaient chacun leurs deux syndicats principaux, l'un de droite, l'autre de gauche. Cette architecture traditionnelle est bouleversée par la nouvelle loi. "On passe d'une représentation de corps à une représentation de masse", nous a confié Philippe Capon, secrétaire général de la Fasmi,
une fédération qui regroupe certains syndicats du ministère de l'Intérieur, de la police aux inspecteurs du permis de conduire. Les syndicats policiers sont maintenant forcés de se rassembler en fédération, telle que la Fasmi, et de se rallier sous les drapeaux des grands syndicats nationaux (CFDT, CGT, Unsa, FO, CFTC, CFECGC...).

Si la galaxie syndicale de la police n'était déjà pas suffisamment complexe, la création de ces fédérations ajoute une nouvelle strate. Dans une course aux voix qui s'annonce serrée, l'affiliation des syndicats existants est primordiale.

Une lutte sans merci

La première escarmouche a été engagée ce lundi 6 octobre. Un des deux principaux syndicats d'officiers, le Snop/SNCI, dont les positions sont souvent jugées proches de la gauche, a officiellement annoncé sa rupture avec l'Unsa et son ralliement à la CFDT. Indignée par ce coup de Jarnac, l'Unsa, syndicat apolitique,
même s'il est plutôt estampillé à gauche, a contre-attaqué en créant un nouvel organisme, l'Unsa-Officiers pour concurrencer le Snop.

L'enjeu est de taille pour l'Unsa, héritier revendiqué de la Fasp, ce grand syndicat policier incontournable dans les années 1980. À son exemple, l'Unsa/Fasmi se revendique comme le seul syndicat représentatif de
l'ensemble des corps de la police, psychologues ou commissaires, officiers ou personnel technique. Le vote de décembre sera décisif pour l'organisme et sanctionnera ou non sa capacité à rassembler. Place Beauvau, on suit avec attention cette campagne qui déterminera les futurs interlocuteurs du ministère avec lesquels seront notamment gérés les avancements et les mutations des policiers. Mais aussi des dossiers sensibles, tels que l'hécatombe policière, l'opacité des primes ou, encore, le nouveau rôle de "percepteurs d'impôts" attribué aux fonctionnaires de police par la réforme Taubira.