"Interview de Bertrand Pancher : Participation, économie, territoire ce sont des fondements du développement de la ville et du Département."

Blog de Bertrand Pancher - 26/09/2014 09:49:27

Au Press Club, Interview de Bertrand Pancher Député de la Meuse, maire de Bar-le-Duc


Le débat public est stérilisé par des clivages. Comment y remédier ?

La démocratie participative n'est pas un vain mot. Elle est nécessaire tant au plan national qu'au plan local à Bar-le-Duc.

Parlons d'abord de la concertation de terrain, c'est-à-dire dans ma ville. Ma préoccupation c'est de construire des liens sur le territoire par le travail en commun avec les habitants. Pour cela j'ai mis en place des outils d'information à la disposition de tous pour une plus grande transparence. Je me rends compte que la population veut s'approprier la décision collective. Nous sommes dans une situation paradoxale car les gens ne viennent plus aux réunions et aux permanences. Mais quand je sors dans la rue ou quand je regarde sur mon portable les gens me font de nombreuses demandes.

Nous sommes aussi en train de concevoir un site Internet interactif prévu comme un outil d'échange que nous mettons à la disposition du public à Bar-le-Duc. Des documents administratifs de la ville seront accessibles. Ceci dans un souci de démocratie participative illustrée par les Conseils participatifs : six comités de quartier avec un réel pouvoir, notamment celui d'interpellation.

Dans le département de la Meuse et sur le territoire barrois, nous sommes cinq Présidents de communauté d'agglomération au sein d'un conseil de développement qui tranchent sur la réalisation des grands projets. Les élus sont à l'initiative du projet, ils décident au final, après avoir discuté des projets avec les citoyens. Je ne suis pourtant pas pour le cumul des mandats mais, dans un petit département comme le notre, peu de personnalités s'engagent.

Par ailleurs, nous avons un grand chantier pour le stockage des déchets radioactifs. Avec la communauté de communes de la Haute Saulx, nous avons créé un institut local du débat public pour recueillir les avis et informer. Cela été nécessaire pour traiter le sujet délicat du nucléaire à Bure.

Si on parle de concertation, il ne faut pas oublier le débat parlementaire. Cela peut paraître ambitieux mais, à l'Assemblée Nationale, mon but est de faire changer le mode de décision. Notamment en tant que rapporteur du Grenelle de l'Environnement. J'ai d'ailleurs créé le Think Tank « Décider Ensemble » pour développer la culture de la concertation et de la décision partagée en France.

L'association a pour objet de promouvoir et de développer une culture commune du dialogue et de la concertation en matière de préparation et de prise des décisions et nous voulons être force de proposition. Nous organisons un séminaire par trimestre sur l'appropriation de l'information par le public. Nos concitoyens ont un souci d'appropriation collective. L'enjeu est aussi important car on est arrivé au bout du bout de la Vème République.


Qu'est-ce qui tire le département ?

Les mesures principales de mes projets sont liées au développement économique, social et environnemental.

Le projet Cigéo est un centre industriel de stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde situé à coté de Bure. Il a apporté jusqu'à présent entre 800 et 1200 emplois directs ainsi que 300 emplois hors site et de nombreux emplois indirects. Il faut des infrastructures pour pouvoir accueillir tout ce monde. Nous y travaillons avec les communes et les communautés de communes, notamment l'agglomération du bassin de Bure, avec l'Etat. Le développement du haut débit, des infrastructures de transport, des crèches sont liées à ce grand projet.

Je suis l'initiateur du projet d'EcoCités dans le département. Les EcoCités sont des grands projets d'aménagement urbain durable avec une cohérence architecturale, énergétique et sociale. Ce projet s'inscrit dans le cadre de la rénovation de l'habitat. Le but est de détecter les « passoires thermiques » dans les bâtiments privés et publics. Pour ce faire, nous avons fait des études d'incitation pour engager les rénovations dans les bâtiments publics et chez les habitants, fournir des aides financières et obtenir un engagement contractuel du montant de la consommation énergétique.

Bar-le-Duc et son agglomération ont constitué une société d'économie mixte avec EDF, cette SEM a permis la mise en place d'une chaufferie collective dans un quartier, d'une piste cyclable avec des vélos électriques et d'un quartier à énergie positive qui produit plus d'énergie (électricité, chaleur) qu'il n'en consomme.


Quel est votre sentiment sur la réforme territoriale ?

Le département comptait 300 000 habitants à la fin du XIXème siècle contre 200 000 aujourd'hui. Les causes principales de ce déclin démographique sont la fermeture des industries et un « déficit affectif ». Je veux dire par là un faible sentiment d'appartenance au territoire. Depuis la guerre de trente ans, les habitants ont le sentiment qu'il n'y a pas d'avenir. Ce département n'a jamais eu d'entité politique. Il a été traversé dans toutes les guerres par des armées ennemies.

Mais le Conseil Général a créé un réflexe d'identité. Il ne faudrait pas que ce qui a été fédérateur pour la population disparaisse d'un seul coup. La suppression des départements va entrainer la création d'administrations centrales dans les régions qui renforcera le centralisme d'Etat. A coté de la forteresse nationale on risque de créer des forteresses régionales.

Participation, économie, territoire ce sont des fondements du développement de la ville et du Département.


Entretien entre Bertrand Pancher et Jean-François Puech Directeur de la Rédaction de NEWS Press