Bertrand Pancher / SNCF / Grève décalée

Blog de Bertrand Pancher - 20/06/2014 09:45:00


Le déclenchement puis la poursuite du mouvement de grève déclenché par une minorité de cheminots de la SNCF est stérile, totalement décalé par rapport à la réalité de la situation des transports ferroviaires dans notre pays.

Le secteur du chemin de fer en France connait une situation dégradée liée à une insuffisance d'adaptation, à des statuts qui n'ont pas su évoluer mais aussi à des choix politiques mal maitrisés : l'endettement massif lié à la politique du tout TGV et maintenant les valses hésitations sur la perception de la taxe poids lourds n'en sont que des illustrations. Comment ne pas insister sur le montant colossal de l'endettement de la branche ferroviaire en France ? Une tendance vers les 3 Milliards de déficit annuel... comment ne pas relever la fragilité du secteur public par rapport à l'ouverture à la concurrence ? En 6 ans de temps le secteur privé du transport des marchandises par le rail a pris 25 % du marché national...

Le projet de réforme ferroviaire qui est débattu cette semaine au parlement va dans le bon sens en prévoyant de regrouper la SNCF avec le gestionnaire d'infrastructure, RFF. Des économies seront obligatoirement réalisées. Il reste cependant encore timide face à la nécessité d'aller beaucoup plus vite dans deux domaines qui sont stratégiques pour l'avenir du groupe public : l'ouverture à la concurrence dans le domaine du transport des passagers ainsi que la refonte du statut des cheminots. La Deutsch Bahn, l'entreprise publique ferroviaire Allemande était confrontée comme la SNCF à une situation inextricable il y a 20 ans. Nos voisins, pragmatiques, ont ouvert le secteur à la concurrence afin de faire réagir l'opérateur historique et ont fait évoluer le statut du personnel, décalé par rapport à l'évolution de la profession. Aujourd'hui, la Deutsch Bahn est très excédentaire et a d'ailleurs conservé 75 % de parts de marché en Allemagne.

Les cheminots n'ont pas à avoir peur de cette ouverure du marché. L'Etat doit accompagner le mouvement en trouvant les moyens pour sécurisrer les investissments furturs. Il serait temps que l'on ouvre les yeux sur l'intérêt des réformes de bon sens.