Mieux respirer à Paris : 10 engagements pour améliorer la qualité de l'air

Blog de Nathalie Kosciusko-Morizet - 08/01/2014 09:30:00


Cette dégradation a des incidences importantes sur la santé des Parisiens : alors que plus de la moitié des Parisiens résident à moins de 150 mètres d'un axe à fort trafic routier (une proximité responsable de 15 % des nouveaux cas d'asthme chez les enfants), l'OMS a qualifié en juin 2012 les particules fines émises par les moteurs diesel comme des cancérogènes certains.

Face à l'insuffisance, voire à l'aspect contreproductif du bilan de la municipalité sortante, il est urgent d'agir pour améliorer la qualité de l'air à Paris.

C'est pourquoi Nathalie Kosciusko-Morizet, Marielle de Sarnez et Yann Wehrling ont engagé un travail commun pour présenter, mardi 7 janvier, un Plan Air, pour rendre Paris plus agréable et plus respirable. Il repose sur 10 engagements applicables immédiatement.

1.Interdire Paris aux poids lourds et aux cars de tourisme polluants

Cette interdiction sera introduite de manière progressive au long du mandat, grâce à l'instauration d'une « ZAPA » (zone d'action prioritaire pour la qualité de l'air). La ZAPA a été créée dans le cadre du Grenelle de l'environnement, et permet aux communes ou groupements de communes de plus 100 000 habitants d'instituer dans les zones où une mauvaise qualité de l'air était avérée ou susceptible de l'être, certaines restrictions à la circulation des véhicules polluants.

2.Créer, dans chaque arrondissement, des quartiers « propres » à très faible émission de polluants atmosphériques

A l'image de Londres qui a prévu de se doter d'ultra low emission zones à horizon 2020, des zones à très faible émission de gaz à effets de serre seront créées, dans chaque arrondissement, réservées aux véhicules les moins polluants (électrique, GPL). Elles seront les cibles prioritaires de déploiement des infrastructures de recharges, notamment pour les livraisons.

3.Faire de Paris la « ville électrique » en doublant le bonus écologique pour les très petites entreprises et les artisans

D'un montant de 6 300 euros par véhicule, cette aide constituera un doublement du bonus écologique, et sera plafonnée à 50% du prix du véhicule hors options.Le plan d'incitation sera complété par l'installation de 2 000 bornes de recharge pour les particuliers (400 aujourd'hui) et de 500 bornes de recharge rapide (en moins de 30 minutes) pour les livraisons (7 actuellement), ; l'interdiction des livraisons bruyantes à partir de 21h ; la création de nouvelles bases de livraison pour limiter le nombre de camions dans Paris.

4.Eradiquer le diesel de la flotte municipale

Que ce soit directement ou par le biais du STIF, la ville de Paris privilégiera systématiquement l'électrique et les modes non polluants sur le diesel.

5.Lancer un plan d'urgence pour la qualité de l'air intérieur, particulièrement dans le métro et les établissements accueillant des publics vulnérables et donner une information enfin honnête sur le niveau de pollution à Paris

Dans les établissements publics, le calendrier des contrôles sera donc accéléré :l'objectif est d'avoir contrôlé l'ensemble des 661 écoles et 708 crèches parisiennes à mi-mandat, et de permettre aux parents de déclencher les contrôles. Ce contrôle couvrira aussi les structures d'accueil des enfants en situation de handicap cofinancées par la ville, de la protection maternelle et infantile ainsi que les centres médico-sociaux, et sera systématisé dans les établissements municipaux et culturels gérés par la ville, incluant notamment les équipements sportifs.

Dans le métro, la qualité de l'air constatée dans certaines stations est pire que celle mesurée sur le périphérique, où une moyenne horaire maximale de 423 µg/m3 a été constatée porte d'Auteuil en 2012. Le réseau de capteurs de mesure de la qualité de l'air dans le métro sera étendu, en partenariat avec la RATP et Airparif, pour un affichage en toute transparence des résultats et des indices. Les systèmes de ventilation seront améliorés, et le parc roulant sera renouvelé en privilégiant le freinage électrique, moins polluant que le mécanique.

En matière d'information, tous les espaces publics et services publics municipaux (écoles, métro, hôpitaux, ...) devront afficher de manière visible la qualité de l'air respiré en temps réel par les Parisiens.

6.Démultiplier la pratique du vélo à Paris

Avec la Petite Ceinture, la première boucle cycliste intégrale de 43km sera crée, avec des passerelles vers le centre de Paris. Au-delà du Vélib, la pratique du vélo individuel sera encouragée en équipant progressivement le parc de Vélib en vélos électriques ; avec la construction annuelle de 3 000 places de stationnement sécurisées pour vélos, en particulier près des points d'entrée de la petite ceinture, des écoles et des stations de métro et de RER.

7.Multiplier par 4 les zones piétonnes et lancer un plan d'amélioration des déplacements piétons

Chaque arrondissement sera doté, en étroite concertation avec les habitants (référendum), d'un espace réservé aux piétons. Ces quartiers piétons seront dotés d'une identité spécifique (signalisation, traitement de la chaussée, verdissement) et seront traversés par des pistes cyclables en site propre. Au total, l'objectif est de faire passer à 200 hectares les surfaces piétonnes de la capitale. Un maximum de parcours seront végétalisés.

8.Créer un million de m2 d'espaces verts supplémentaires

Paris est l'une des villes au monde qui compte le moins d'espaces verts : à peine 14,5 m2 par habitant contre 36 m2 à Amsterdam et même 321 m2 à Rome. L'objectif est simple : d'exploiter tous les espaces laissés aujourd'hui à l'abandon pour développer partout dans Paris de petits espaces verts de proximité, et créer, au coeur de chaque quartier d'habitation, des lieux de respiration et de détente.

9.Développer tous azimuts les nouveaux modes de déplacements : co-voiturage, voitures partagées

L'idée de la « voiture partagée » ne saurait se résumer à « Autolib ». En théorie, toute voiture est potentiellement « partageable » : celles des flottes d'entreprises ou de collectivités publiques mais aussi chaque voiture individuelle. Nous developperons des expérimentations en ce sens, et les nouvelles pratiques seront encouragées par une politique municipale de facilité de circulation .

10. Se donner pour ambition d'un « Paris à énergie positive » qui, à horizon 2050, produira plus d'énergie qu'il n'en consomme, notamment dans le logement

Il s'agira, à échéance de 10 à 20 ans, de produire environ la moitié de nos besoins actuels via des sources renouvelables, pour le domaine du bâtiment assurément, mais aussi, tendanciellement, pour les transports. Le programme de rénovation des bâtiments publics municipaux et des logements sociaux inscrits dans le Plan Climat sera largement amplifié

Dans une ville comme Paris, l'écologie ne doit pas être sous-traitée, elle doit être portée au plus haut niveau de l'action publique.