Le tropisme chilien de Jean-Paul Huchon coûte cher à l'Île-de-France

Blog de Franck Margain - 11/09/2013 14:00:00


Franck Margain, conseiller régional Île de France, s'indigne et combat énergiquement les dépenses incohérentes de la région. [Celle-ci], sous l'impulsion de son président PS, a versé 7 millions de subventions en faveur du Chili depuis 1998

S'il est un responsable politique dont le tropisme chilien n'aura échappé à personne, c'est bien Jean-Paul Huchon, le président PS de la région Ile-de-France. Depuis sa première élection, en 1998, la collectivité aurait versé, au titre de la « coopération décentralisée », plus de 7 millions d'euros en faveur de différents projets en lien avec ce pays, selon les calculs du groupe UMP. Ainsi, 400.000 euros ont-ils été versés pour la construction d'un musée Salvador Allende à Santiago. En 2007, 65.000 euros ont permis le financement d'un spectacle dans les quartiers de la capitale « proposant un voyage dans l'historique du mouvement Hip-hop ». Un projet « plantes médicinales et savoirs ancestraux des femmes Aymara au Chili » a reçu 10.000 euros. Actuellement, un projet de plate-forme artistique au Chili bénéficie de 100.000 euros venus de la région (le pays y a lui consacré 300.000 euros).

Pour célébrer le 40ème anniversaire de la mort tragique de Salvator Allende cette année, le conseil régional n'est pas en reste : 74.321 euros ont été votés en commission permanente le 30 mai pour servir à la commémoration du coup d'Etat. Du 11 au 18 septembre, quarante événements culturels et festifs sont ainsi consacrés à cette célébration en Ile-de-France, au motif que de nombreux « exilés chiliens sont venus se réfugier à Paris à partir de septembre 1973, après le coup d'Etat du général Augusto Pinochet». Dans un courrier en date du 25 avril adressé à Jean-Paul Huchon, Valérie Pécresse, sa première opposante UMP, s'était émue de cette initiative. «Depuis quand appartient-il à une collectivité comme la nôtre de relayer l'anniversaire d'évènements politiques d'un pays étranger, quelle que soit leur charge symbolique ? », s'était-elle étonnée.

«Cela permet de renforcer les actions de coopération avec le Chili et plus précisément, c'est un moyen de favoriser la pénétration des entreprises françaises sur le marché chilien», réplique-t-on dans l'entourage de Jean-Paul Huchon au sujet de ce festival. Celui-ci corrige aussi le chiffre de 7 millions cumulés depuis 1998 : la facture s'élèverait à un peu plus de 4 millions d'euros. Par ailleurs, le Chili n'est pas le pays qui bénéficie le plus de la manne francilienne : la région de Kayes au Mali arrive en tête (la communauté malienne d'Ile-de-France est la plus importante d'Europe).

Entre le Chili et Jean-Paul Huchon, c'est toutefois une histoire particulière. L'ancien directeur de cabinet de Michel Rocard à Matignon y a effectué un voyage d'études lorsqu'il avait 25 ans et militait chez les jeunes du PSU. Il se trouvait même à Santiago le jour du renversement d'Allende. Cela fut l'élément déclencheur de son engagement politique. Cette passion a également touché son fils, Thomas. Celui-ci a réalisé un livre (publié aux éditions Eyrolles) et un documentaire (diffusé sur Public Sénat) intitulés «Allende, c'est une idée qu'on assassine». De quoi nourrir les fantasmes de la droite. Mais l'oeuvre du journaliste a été produite et diffusée sans la moindre aide financière ou matérielle de la région.