La révolte populaire

Blog de Bertrand Pancher - 23/04/2013 12:35:00


Le gouvernement a décidé contre toute attente de précipiter la semaine dernière l'examen du projet de loi concernant le mariage pour tous, en seconde lecture à l'Assemblée nationale.

L'ampleur des manifestations contre cette loi fait craindre non seulement des débordements mais un enchainement des mobilisations populaires avec ces prochains jours la traditionnelle manifestation du Front National, celle des organisations syndicales le 1er Mai, puis à nouveau un autre défilé des opposants au mariage homosexuel, le 5 Mai ainsi que celle prévue par Jean Luc Melenchon à la même date...La manoeuvre est claire : vouloir dégonfler les oppositions de toutes parts.

Faut-il redouter que la rue fasse chanceler le pouvoir le plus impopulaire depuis les débuts de la 5eme république ? Si les pronostics sont toujours déjoués par la réalité, force est de constater que dans un pays aussi centralisé que le nôtre, il y a peu d'alternatives pour des citoyens de plus en plus désabusés, de se faire entendre. Les hypothèses d'une dissolution de l'Assemblée nationale et donc d'un renversement du gouvernement étant improbables, l'exaspération populaire face à un pouvoir sourd pourrait bien, un jour, conduire à une réclamation de changements radicaux par la rue.

Doit-on se réjouir de constater autant de désenchantement voire appeler de ses voeux à la généralisation des manifestations et des révoltes? La réponse est non, bien entendu. D'abord parce que la France reste une grande puissance et que son image ne doit pas être décrédibilisée dans le monde et en Europe. Ensuite, parce qu'une dégradation de la situation nationale pourrait porter un coup fatal aux investisseurs et à nos finances publiques. Enfin car l'on ne sait jamais comment des émeutes peuvent finir. L'embrasement des banlieues en 2005 a démontré que lorsque la mèche était allumée l'incendie ne pouvait pas s'éteindre...

Dans ces conditions il est impératif que la Gauche au pouvoir se ressaisisse très vite et mette, enfin, en place les réformes de fond auxquelles aspirent nos concitoyens ; y compris en prenant des mesures consensuelles négociées avec la Droite. La dernière loi votée la semaine dernière visant à supprimer le regroupement progressif des Régions et des Départements par le biais de conseillers territoriaux uniques est encore l'illustration d'une occasion manquée. Il est aussi urgent que l'opposition reste dans son rôle, certes de dénoncer, mais aussi de proposer, de mettre en perspective et de dessiner une alternance crédible. Elle ne sera pas uniquement jugée sur sa capacité à avoir tiré sur les corbillards.