Après la crise morale, le renouveau de la démocratie

Blog de Bertrand Pancher - 12/04/2013 11:20:00


L'affaire Cahuzac constitue un séisme pour la vie politique Française. Nos concitoyens médusés ont découvert comment un ministre en charge du budget, de son contrôle et de la lutte contre l'évasion fiscale avait trompé l'opinion publique en bénéficiant lui-même de commissions occultes et en cachant ces rémunérations sur des comptes à l'étranger. Il est possible que l'on ne sache pas tout...

La classe politique tout entière est salie et les amalgames sont maintenant nombreux. Combien de personnes que j'ai rencontrées ces derniers jours me font part de leurs dégoûts et m'avouent qu'ils ne peuvent plus croire en la sincérité de nos dirigeants et responsables politiques. Le Président de la République qui donne le sentiment d'échouer sur tous les plans se retrouve maintenant face à un nouvel échec, Comment pourrait-il encore incarner la probité de la vie publique Française ?

Les crises que nous connaissons ne sont pas uniquement économiques, sociales ou environnementales, elles sont aussi morales. Si Dominique Strauss Kahn n'avait pas fait l'objet d'une plainte par Nafissatou Dialo dans l'affaire du Sofitel de New York, il aurait été sans doute président de la République concentrant tous les pouvoirs. Aujourd'hui, c'est un ancien éminent ministre, pourfendeur des privilèges qui est pris les mains dans le sac ; sans compter les affaires qui ont émaillé l'ancienne majorité ni celle qui touche le Front National si prompt à donner des leçons de morale.

Faut-il un nouveau texte de loi pour moraliser la vie politique Française comme semble le souhaiter un François Hollande dépassé par les évènements ? Pourquoi pas, mais il convient de relever qu'ils sont déjà très nombreux. Tout parlementaire, comme toutes les personnalités qui exercent des responsabilités publiques est tenu de publier un état précis de son patrimoine avant et après son élection. Les comptes de campagnes électorales sont contrôlés de façons extrêmement tatillonnes ainsi que ceux des partis politiques, les rémunérations des élus ne donnent plus lieu à des avantages particuliers ; même les sommes distribuées aux collectivités et associations à travers la « réserve parlementaire » sont publiques et inscrites au journal officiel...

Demain, les élus ne pourront plus cumuler de mandats ni exercer aucune autre activité, mais qui demain va vouloir tout abandonner pour un mandat d'élu aussi précaire ? De quelle démocratie allons-nous bientôt hériter ? Nous avons besoin aussi d'élus compétents et responsables. Plutôt que de vouloir laver plus blanc que blanc, nous devrions plutôt nous interroger sur les raisons de la crise morale que nous connaissons et la façon d'y remédier. Pourquoi des personnalités politiques ou autres sont-elles autant attirées par l'argent qui rend fou plutôt que l'action au service du public, désintéressée et sincère?

La façon dont certains de nos dirigeants arrivent au pouvoir ainsi que l'exercice même du pouvoir ne sont plus compréhensibles par nos concitoyens. La démocratie doit être exercée autrement avec la participation et l'implication de tous. Les décisions doivent être vraiment partagées et pour cela nos institutions doivent être réformées en profondeur. Ce n'est qu'à ce prix que la confiance sera restaurée.