Pourquoi l'Humanisme ?

Blog de Jean-Pierre Raffarin - 09/07/2012 10:05:00

Carole, Sylviane, Jany, Claude, Jacques, Ernest, Mistral, Mic, Commegrain, Mederic... Je vous ai lu. Je comprends le débat stratégique posé par Claude et la difficulté de choisir entre « le noyau dur » de la droite républicaine et « les marges » du centre. C'est d'autant plus difficile que, quantitativement, ces deux électorats ne sont pas égaux mais que tous les deux sont indispensables à la victoire. René Rémond a tout dit sur les droites en France et l'avenir dépend de notre capacité à réunir, dans un même projet, les différentes cultures de la Droite républicaine. Ce qui est facile, c'est de les opposer, l'enjeu c'est de les réunir.

C'est pourquoi, selon moi, il faut faire appel à l'Humanisme.

D'abord parce que l'Humanisme est la pensée qui s'oppose le mieux à l'autre courant historique le Matérialisme, matrice intellectuelle de tous les Socialismes. Le Débat entre André Comte-Sponville et Luc Ferry, dans « La Sagesse des Modernes », est particulièrement éclairant sur ce sujet ! Pour les Humanistes, l'Homme n'est déterminé ni par la société, ni par son inconscient, ni par son ADN... mais il est Libre et Responsable. La Personne est sacrée, la société ne lui est pas supérieure. Celle culture n'est pas celle de l'excuse permanente.

L'assistanat relève du matérialisme, la générosité de l'Humanisme.

L'Humanisme peut rassembler : le Gaullisme, le libéralisme, la sociale-démocratie... ont des racines humanistes. A nous de rafraîchir cette pensée qui s'est affaiblie avec le temps, qui a perdu de sa force en voulant devenir générale, globale, en un mot normale. Non, l'Humanisme n'est pas un grand corps mou qui, en voulant sauver tout le monde, ne parlerait à personne.

L'Humanisme moderne pourrait s'articuler autour de plusieurs valeurs très contemporaines : le Respect de l'autre qui est à l'opposé de l'égalitarisme car il reconnaît la supériorité de l'autre, la Cohésion sociale qui s'oppose à la lutte des intérêts, le Dépassement humain, source de tous les progrès, à l'opposé de l'utopie societale. Luc Ferry conduit une réflexion voisine avec ce qu'il nomme le « Deuxième Humanisme ».

Cette pensée peut rassembler mais elle n'a pas peur de s'opposer. Elle est plus girondine que jacobine, elle n'est guère Bonapartiste, elle est plus ouverte que protectionniste, peut-être plus asiatique qu'américaine, plus éthique que hiérarchique, plus proche du Trocadéro que de Grenoble...

Cet effort de pensée apparaît souvent comme éloigné des réalités, du concret, du terrain. Pourtant, je pense que c'est un privilège de l'opposition d'avoir le temps de réfléchir à l'ensemble des convictions qui guideront, demain, notre action. Pour moi, la grandeur de la Politique, c'est la recherche de la cohérence entre la pensée et l'action. Si la pensée est trouble en amont il y a peu de chances que l'action soit claire en aval.

Les nouvelles technologies nous permettent de penser ensemble.

jpr