Newspress

Patrick WEITEN, Président du Conseil Général de la Moselle, a inauguré hier le Centre des Archives Industrielles et Techniques de la Moselle. Ce lieu est basé sur un cas unique en France.

La Moselle a bénéficié de son économie basée sur l'industrie lourde, découlant de l'exploitation des ressources naturelles de son sous-sol : la minette et la houille. Les traces de ce développement économique, sans précédent, des XIXe et XXe siècles, après avoir façonné les paysages, ont partiellement disparu dans le bassin sidérurgique.

Les Houillères du Bassin de Lorraine ont souhaité regrouper les archives témoignant de ces années de labeur. Ce projet s'est concrétisé sous le contrôle du directeur des Archives départementales, puisqu'il s'agissait d'archives publiques.

QUELQUES ÉTAPES

À la fin des années 1980, ces archives - représentant 41 kilomètres linéaires - étaient stockées dans de mauvaises conditions de conservation dans plusieurs bâtiments de l'entreprise. En 1989, les HBL créent leur propre service d'archives. Il était destiné à collecter, trier et communiquer les archives de l'entreprise, afin d'optimiser la gestion de l'information et de pérenniser la mémoire des HBL.

En 2000, l'ensemble des archives de l'entreprise, soit 12 kilomètres linéaires, est transféré dans le « magasin central Jeanne-d'Arc ». Cet ancien magasin de matériel minier de 3500 m2, construit entre 1946 et 1947, a été modernisé afin de respecter les normes de température et d'hygrométrie en matière de conservation d'archives.

En 2007, l'entreprise cesse son activité. Les archives et le bâtiment sont cédés au Département de la Moselle pour un euro symbolique, afin de pérenniser la mémoire de l'industrie charbonnière. Le service est rattaché au Service départemental d'archives de la Moselle qui le gère désormais. Il est baptisé « Annexe Jeanne-d'Arc du Service départemental d'archives de la Moselle ».

Fin 2007 : le Département de la Moselle reçoit le transfert de près de 12 kilomètres linéaires d'archives produites par les Houillères du bassin de Lorraine. Elles ne sont pas toutes des archives à conservation définitive.

Les HBL, entreprise publique créée en 1946, a fortement contribué au développement de la Moselle-Est. Les origines de l'exploitation du charbon en Moselle remontent au début du XIXe siècle, avant la création des HBL, lorsque plusieurs compagnies minières privées commencent à extraire le précieux minerai du sous-sol mosellan. L'activité charbonnière a donné naissance à un fonds d'archives monumental et riche, dont les documents les plus anciens datent de 1820.

La responsabilité des archives historiques des Houillères du Bassin de Lorraine est donc depuis le 1er janvier 2008 du ressort du Département : il est chargé, par l'intermédiaire de son Service départemental d'Archives, de conserver la mémoire mosellane. Plusieurs milliers de plans de bâti ancien, remis par les Houillères du Bassin de Lorraine, ont été catalogués. Ce travail dense s'est déroulé en 2009 et 2010.

UN CAS UNIQUE EN FRANCE

La Moselle présentait un cas unique en France en ce qui concerne les archives minières : tous les types de documents reflétant le fonctionnement de l'entreprise ont été rassemblés en un seul endroit.

Il s'agissait d'archives administratives (gestion de l'entreprise, conseils d'administration, comités d'entreprise, direction générale, statistiques), financières (comptes, investissements, emprunts, pièces comptables), commerciales (production du charbon, vente), mais aussi d'archives du personnel (dossiers administratifs des mineurs, dossiers médicaux, accidents du travail, maladies professionnelles), d'archives techniques (archives de géomètres sur le sous-sol, dossiers et plans relevant de l'exploitation des veines de charbon), immobilières (achats, ventes, mais aussi plans des ensembles immobiliers construits par les Houillères du Bassin de Lorraine : écoles, cités, église, colonies de vacances...), audiovisuelles (ensemble exceptionnel de films, de photographies sur les mines), auxquelles s'ajoute une bibliothèque très spécifique.

ONZE MOIS DE TRAVAUX

Le bâtiment de 3 500m2 est partagé en deux parties distinctes, séparées par un mur. Les 700 m2 à l'ouest sont réservés à la mairie de Saint-Avold (aile droite) pour ses archives communales. Le reste du bâtiment (partie centrale et aile gauche), soit 2800 m2, sont devenus un site annexe des Archives départementales de la Moselle.

Ce bâtiment datait de 1950. D'importants travaux de mise aux normes y ont été réalisés avant l'installation des Archives des Houillères du Bassin de Lorraine en 2000: éclairage, chauffage, installation d'une détection incendie et d'une détection anti-intrusion,

Le bâtiment avait été équipé pour recevoir des archives par Charbonnages de France. Des aménagements intérieurs s'imposaient encore pour que le public soit accueilli dans de bonnes conditions, tant au regard de la loi -accès aux personnes à mobilité réduite- que du point de vue de l'image de l'institution départementale.

Cette campagne de travaux a eu lieu de novembre à décembre 2010. Elle a été entièrement prise en charge par le budget départemental : la salle de travail des usagers a été agrandie, des toilettes ont été créées pour le public, l'éclairage et les accès aux réseaux informatiques ont été refaits et un mobilier adapté a été acquis.

Le bâtiment et ses abords ont également bénéficié d'une campagne de rénovation, de décembre 2010 à juin 2011. Elle comprenait la réfection intégrale de la toiture, avec un ravalement complet et une obturation des fenêtres inutiles et nuisibles à la bonne conservation des archives.

Après 11 mois de travaux, le site a rouvert ses portes au public le 1er août 2011.

UNE NOUVELLE ÈRE

L'annexe Jeanne-d'Arc a changé de nom à cette date. Elle a été rebaptisée "Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle". À l'origine, l'annexe Jeanne-d'Arc s'est constituée autour du fonds monumental d'archives des Houillères du bassin de Lorraine. Or, la Moselle a été et est encore un des grands départements d'industrie et d'innovation technique. Il est important de conserver la mémoire de l'activité humaine dans ces domaines et les moyens d'en écrire l'histoire.

Depuis août 2011, le Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle peut donc également recevoir tous les documents produits par les autres industries -mines de fer, sidérurgie, salines, cokeries, centrales électriques, chimie, verre, habillement ...- et les organisations syndicales mosellanes.

- Trois recrutements vont avoir lieu d'ici au printemps 2012.

- Le service développera une action culturelle en direction de tous les publics, au travers d'expositions, d'ateliers pédagogiques, de projection de films, de publications...

- Il mènera une politique dynamique de collecte d'archives du monde du travail auprès de toutes les entreprises et les organisations susceptibles de verser leurs documents aux Archives départementales.

- La collaboration avec les services culturels et les établissements patrimoniaux du bassin houiller lorrain sera renforcée. Objectif : mener des projets transdisciplinaires, avec des partenaires variés, qui n'ont pas forcément le réflexe de faire appel à un service d'archives pour leurs projets.

- La gestion de l'après-mines reste bien sûr un enjeu central. Le CAITM s'efforcera de traiter en priorité les demandes émanant d'organismes gérant les aspects techniques, administratifs et juridiques de l'après-mines : BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), ANGDM (Agence nationale de garantie des droits des mineurs), SA Sainte-Barbe (Société immobilière gérant l'ancien parc immobilier des HBL), collectivités territoriales, centrales thermiques, EPFL (Etablissement public foncier lorrain)...

QUELQUES CHIFFRES

- 8,5 kilomètres linéaires d'archives papier sur une période allant de 1816 à 2007
- 20 000 photographies et diapositives sur les mineurs, la vie de l'entreprise, et les installations minières.
- 4000 livres sur les mines, les industries mosellanes et l'histoire locale.
- 4500 films environ.
- 80 revues et périodiques environ, sur les mines, l'énergie et l'histoire locale.
- 100 000 plans : installations nécessaires à l'extraction du charbon et logements construits par les HBL et les sociétés houillères.

UNE STRUCTURE RARE EN FRANCE

Le Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle peut être considéré comme le second centre français d'archives du monde du travail.

La prise de conscience de l'importance des archives du monde du travail en France remonte à 1949 : Charles Braibant, directeur des Archives de France, décide de la création d'une "Section des archives privées et économiques et du microfilm" au sein des Archives nationales. Cette section est chargée de recueillir les archives d'entreprises, de les classer et de les rendre utilisables par les chercheurs. Le premier conservateur en est Bertrand Gille, historien de l'économie et des techniques.

Cette politique se concrétise par l'inauguration d'un premier "Centre des archives du monde du travail" (CAMT) à Roubaix en 1993, à vocation interrégionale. Il devait être suivi par la construction de plusieurs autres centres d'archives, répartis dans le pays. Il sera finalement le seul construit. Depuis 2007, le CAMT est organisé en service à compétence nationale. Il est à présent dénommé « Archives nationales du monde du travail ».

Le Centre des archives industrielles et techniques de la Moselle conserve une collection importante de périodiques français et européens relatifs aux mines et à l'industrie comme les Annales des mines, le Bulletin de la Société de l'industrie minérale, la revue allemande Glückauf, Coke and Gaz (revue anglaise), le bulletin suisse Gaz et eaux, le bulletin de la Commission technique des houillères victimes de l'invasion, le Bulletin technique des mines de fer, la Revue française de l'énergie, la Revue universelle des mines de Belgique, les publications techniques de Charbonnages de France, ....
La revue d'entreprise des HBL et de Charbonnages de France Mineurs de France, publiée entre 1949 et 2007, y est conservée dans son intégralité. Elle constitue une source d'information précieuse sur les activités de l'entreprise à l'échelle locale et nationale et sur la vie quotidienne dans le bassin houiller lorrain.

VERBATIM

Patrick WEITEN, Président du Conseil Général de la Moselle :

"Nous sommes accueillis par un choeur d'enfants. Il est venu chanter l'histoire des mineurs et c'est un grand symbole : cette histoire de nos gueules noires fait en effet la référence de notre territoire. Ce flambeau, qui leur a été transmis par les anciens, est à la fois un élément important de notre patrimoine et un symbole d'avenir.

Ce lieu démontre notre volonté de marquer notre attachement à l'histoire de la Moselle, à l'histoire des mineurs qui ont tant donné à notre territoire. Ces archives qui témoignaient de l'histoire des houillères se sont transformées aujourd'hui en archives de l'histoire industrielle de la Moselle.

Les gueules jaunes, nos mineurs de fer, rejoignent ici nos gueules noires, sans oublier nos sidérurgistes . C'est un patrimoine que nous devons préserver, collecter, organiser et transmettre à ceux qui vont nous succéder. Il va vivre et évoluer au gré de notre histoire.

Il faut que les Mosellans viennent s'imprégner de cette histoire. Je forme le voeu que ce lieu devienne un lieu où convergeront les Mosellans qui viendront compulser les documents et les initiatives.

C'est d'ici que le message doit être transmis aux nouvelles générations. Ce lieu culturel, patrimonial, d'histoire, nous montre aujourd'hui ce que les anciens ont fait pour nous, pour que nous construisions à notre tour la Moselle de demain."

CÔTÉ PRATIQUE Le bâtiment comporte une salle de lecture. Certains documents peuvent y être consultés en version numérique. Horaires d'ouverture : mercredi et jeudi, de 9 heures à 12 heures et de 13 heures à 16 heures. Il est préférable de prendre contact - par téléphone ou courriel- avec le service avant la visite car le catalogage précis des fonds n'est pas encore achevé.

Salle de lecture fermée au public le lundi et le vendredi. Tél : 03 87 78 06 78 et courriel : archives@cg57.fr

Contact Presse : Claude Dupuis-Rémond - 03 87 37 58 05 - pressecg57@wanadoo.fr - https://twitter.com//CDRPresse